L’intelligence artificielle inquiète les artistes: «C'est la souveraineté culturelle du Québec qui est menacée»

Six syndicats représentant divers secteurs du milieu culturel québécois ont exprimé leurs inquiétudes quant à l’impact de l’intelligence artificielle (IA) sur les métiers artistiques, au cours d’une conférence de presse lundi, mettant en avant l’absence de cadre entourant cet usage.

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«On a beaucoup, beaucoup de peur qui remonte. Est-ce qu'on va se faire remplacer? Est-ce que demain, les technologies vont permettre de créer de la musique, de prendre la voix de Mario Dumont puis de lui faire dire n'importe quoi à travers un outil? Est-ce qu'on va être capable d'écrire des articles journalistiques, d'écrire des scénarios sans avoir besoin de scénaristes?» s’interroge Laurent Dubois, directeur général de la Société des auteurs et autrices de radio, télévision et cinéma (SARTEC), au micro de Mario Dumont, à QUB radio et télé, diffusé simultanément au 99,5 FM Montréal, mardi.

Pour lui, le danger ne se limite pas à la substitution d’emplois: les syndicats dénoncent également une utilisation abusive, sans compensation ni autorisation, des œuvres artistiques pour nourrir les algorithmes.

«Ce n'est pas vrai que les technophiles vont arriver et nous dire c'est une révolution et qu’il faut mettre tout [ce qu’on a mis en place jusqu’à présent] par terre.»

M. Dubois estime que «tout le monde est capable d’agir», que ce soit les syndicats, les gouvernements, mais aussi le grand public.

«On ne va pas se mentir, on a tous vu passer les Starter Packs [...]. On a tous vu passer toutes nos faces en petits personnages de bandes dessinées inspirées par les studios Ghibli. Et tout le monde a trouvé ça bien drôle [...], mais quand on fait ça, on contribue à alimenter une machine qui a versé zéro dollar de redevances aux créateurs. C'est du pillage, c'est du vol. Et on est un peu complices de ça.»

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Une question de souveraineté

Pire encore, le manque d’encadrement lié à l’IA mettra en péril la souveraineté culturelle du Québec, averti le directeur général de la SARTEC.

«S’il n'y a plus d'artistes au Québec, quelque part, c'est la souveraineté culturelle du Québec qui est menacée. Parce qu'on s'entend que le milieu culturel, c'est une part importante de ce qui fait notre identité. Si on perd ça, là, on est noyé dans un tsunami anglophone.»

Des revendications pour établir un cadre

Dans un manifeste, présenté lundi, les syndicats du milieu culture ont émis des revendications, résumées par l’acronyme ART: A pour autorisation (l’artiste doit pouvoir consentir à l’usage de son œuvre), R pour rétribution (toute utilisation d’une création artistique doit être rémunérée), T pour transparence (les artistes doivent être informés lorsque leurs œuvres sont utilisées).

Écoutez l’entrevue complète ci-dessus.