L’instabilité du marché obligataire risque de se poursuivre, selon un expert

Yahia Arkat
La guéguerre sino-américaine sur les tarifs douaniers ne risque pas d’avoir une incidence sur le marché de la dette américaine qui est déjà gagné par une instabilité provoquée par les tarifs douaniers décidés par Donald Trump, croit un expert.
«Le plus gros détenteur de la dette américaine, c’est la Réserve fédérale américaine», a indiqué Pascal Bédard, économiste et maître d’enseignement à HEC Montréal, dimanche sur LCN, précisant que la moitié de la dette américaine est détenue à l’intérieur du pays.
«Plus de 50 % de toute la dette américaine, donc des obligations fédérales américaines, sont détenues à l'intérieur des États-Unis par des gestionnaires de fonds mutuels, des gestionnaires de fonds de pension, etc.», a mentionné M. Bédard.
La Chine, en tant que deuxième créancier hors États-Unis derrière le Japon, peut avoir à court terme une incidence sur Washington, mais pas fondamentalement, parce que cela ne risque pas de faire bouger les marchés obligataires, selon l’analyse de l’universitaire.
«C'est plus que les marchés au complet qui se sont mis à paniquer à propos du prix futur potentiel des obligations. Quand tous les marchés bougent en même temps dans le monde, de façon non coordonnée, là, ça a un gros effet», a expliqué M. Bédard.
«Un joueur, le seul gros joueur qui peut vraiment faire bouger les marchés, le marché obligataire, c'est la Réserve fédérale américaine elle-même», a noté l’économiste pour qui la Chine ne souhaiterait pas la baisse du prix des obligations américaines.
Par ailleurs, M. Bédard croit que malgré la suspension partielle des tarifs douaniers par le président Donald Trump pour stabiliser les marchés n’a pas empêché les taux d’intérêt sur les obligations de flirter avec une tendance haussière.
«Je suppose, le gouvernement Trump veut réduire les taxes, mais ça ne sera pas compensé par des coupures de dépenses. Et donc, ça va creuser un plus gros trou encore dans le déficit au budget, et donc ça va faire plus de vente d'obligations par l'État fédéral», a-t-il ajouté.