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L'article provient de Le Journal de Montréal
Société

L’inflation, événement de l’année de l’Agence QMI

Getty Images via AFP
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Patrick Duchesneau

2023-12-23T05:05:00Z
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Après avoir atteint des sommets pas vus depuis quatre décennies en 2022, l’inflation a rythmé la vie des Québécois en 2023 en affectant toutes les facettes de leur quotidien, à un point tel que l’Agence QMI a décidé de l’élire «événement de l’année». 

Généralement confinées aux pages économiques, les nouvelles sur le taux de l’inflation se sont répandues à la grandeur des sections, de la politique aux arts en passant par les sports et les enjeux sociaux. Rarement un sujet s’est imposé de façon aussi continue d'un Nouvel An à l'autre.

«Elle a été partout cette année, cette foutue inflation. À la quincaillerie, dans notre panier d'épicerie, sur notre hypothèque, sur notre compte de taxes municipales, sur la main d'œuvre, sur le prix de l'essence: elle ne nous a laissé aucun répit. Tout le monde y a goûté», a résumé Jean Laroche, directeur de l'information au «Journal de Québec».

C’est pourquoi l’Agence QMI a décidé d’en faire son événement de l’année, au terme d’un sondage mené auprès des responsables de l’information de Québecor.

Fermetures de restaurants, crise du logement, envol du prix des aliments à l’épicerie, ralentissement du marché immobilier, hausse des taxes municipales dans des dizaines de villes, banques alimentaires à sec, prix en augmentation pour pratiquer des sports, salles de spectacles désertées; tous ces éléments ont pour dénominateur commun l’inflation et son remède, la hausse du taux directeur de la Banque du Canada.

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Les mille et un impacts de l’envolée des prix ont conduit bon nombre de travailleurs à réclamer des hausses salariales atteignant ou dépassant l’inflation, à l’image des centaines de milliers d’employés de la santé et de l’éducation qui sont en grève cet automne dans l’espoir d’obtenir de meilleures conditions de travail.

Des dizaines de milliers d’articles

Signe de l’intérêt continu pour ce phénomène avant tout économique, les médias écrits du Québec avaient publié plus de 41 000 articles traitant de l’inflation d’une façon ou d’une autre en date du 11 décembre, selon les données compilées par la firme Influence Communications. Il s’agit d’un nombre qui a pratiquement doublé par rapport à 2022.

«L’année passée, on en parlait beaucoup plus comme si c’était l’apocalypse, la fin du monde. Cette année, on a pris plus de mesure [...] C’est moins catastrophiste», a expliqué le président de la firme, Jean-François Dumas, en soulignant qu’en 2023, les médias semblent s’être attardés davantage à expliquer les impacts de l’inflation.

L’omniprésence du phénomène à l’écrit, mais également dans les reportages à la télévision et à la radio – plus de 4700 mentions en 2023 –, pourrait même avoir contribué à entretenir la morosité économique.

«À force d’en entendre parler tous les jours, les gens se sont mis à être plus prudents. [...] Ç’a contribué à entraîner un ralentissement économique», a analysé M. Dumas.

Un phénomène universel

«Cette année, quand on parlait de logement, d'alimentation et même de culture, on l'a toujours fait à travers le spectre de l'inflation», a souligné Élizabeth Ménard, cheffe de contenu de la section Urgence climat du «24 Heures».

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Après avoir atteint un sommet à 8,1 % en juin 2022, le taux d’inflation avait amorcé 2023 à 5,9 % sur un an en janvier. Les plus récentes données de Statistique Canada indiquent que ce taux était de 3,1 % en octobre, mais avec un taux directeur qui demeure coincé à 5 % depuis juillet.

Depuis l’an dernier, l’inflation met aussi de la pression sur les politiciens, au Canada comme ailleurs dans le monde, et de nombreux élus battant des records d’impopularité en partie attribuables aux mauvaises nouvelles économiques.

Au pays, les gouvernements ont tenté de réagir avec plusieurs mesures, incluant l’élimination de la taxe carbone sur le mazout, l’indexation des prestations sociales du Québec selon l’inflation, l’aide aux banques alimentaires et l’investissement dans le logement, mais ont été aussi limités dans leur façon d’appréhender le phénomène.

La Banque du Canada a notamment plaidé pour que les gouvernements cessent d’envoyer des chèques à leurs citoyens – comme le Québec l’avait fait deux fois en 2022 –, parce qu’ils contribuaient à alimenter l’inflation.

Il semble évident que les impacts de l’inflation continueront à défrayer la manchette, tant et aussi longtemps que la Banque du Canada n’aura pas réussi à la ramener à son taux cible de 2 % par année.

«Puisque ça influence la politique, nos achats du quotidien, les familles qui sont prises à la gorge... Le contexte économique sera certainement encore le sujet de 2024», a prédit Maxime Denis, producteur chez TVA Nouvelles.

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