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L'article provient de TVA Nouvelles

L’indépendance: un handicap ou un moteur pour gagner une élection?

Photo fournie par Martine Ouellet
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Martine Ouellet, Cheffe de Climat Québec

2023-10-19T04:00:00Z
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À la veille du dépôt de la mise à jour du budget de l’an 1 du Parti Québécois, une réflexion s’impose sur sa stature indépendantiste. En effet, la justification du troisième report du dépôt du budget de l’an 1 est une illustration frappante du malaise péquiste face à l’idée d’assumer l’indépendance du Québec réellement.  

En déclarant ne pas vouloir «faire diversion» et ne pas vouloir détourner le débat lors de la partielle dans Jean-Talon, Paul St-Pierre Plamondon a démontré qu’il considère l’indépendance comme un handicap électoral.  

C’est un aveu très révélateur de sa vision stratégique. Il a complètement intégré les arguments de peur. Il se justifie même en disant que la CAQ avait déjà commencé à faire peur aux électeurs avec la souveraineté.  

Promotion  

Au lieu d’utiliser l’élection partielle de Jean-Talon comme un tremplin pour faire la promotion de l’indépendance, il s’est incliné et l’a tassée de son discours, optant ainsi pour un cynique et faux calcul électoral. Faux calcul électoral, car concrètement, à l’échelle nationale, les deux seules fois où le Parti Québécois a délogé le Parti libéral, c’est en 1976 et en 1994, deux élections où le PQ promettait de faire l’indépendance en prenant le pouvoir. Il existe l’exception de la campagne de 2012 où il a été élu seulement minoritaire, sans s’engager à faire l’indépendance, alors que cette option recueillait près de 40% d’appui. Les faits parlent d’eux-mêmes. Le PQ aurait dû être majoritaire dans ce contexte où la commission sur la corruption et la crise étudiante avaient plombé grandement le gouvernement libéral en place.

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Cette stratégie qui vise à ne parler d’indépendance qu’aux convaincus, mais à l’évacuer du débat lors des événements majeurs, là où ça compte, comme lors de l’élection partielle dans Jean-Talon, induit en erreur les Québécois. Un parti indépendantiste devrait utiliser toutes les occasions, en particulier une élection partielle et sa tribune médiatique, pour démontrer à quel point le rapatriement de tous nos pouvoirs pour former un pays constitue un atout majeur pour les citoyens. L’indépendance du Québec nous donnera les moyens de véritablement agir et il n’y a rien de plus vendeur politiquement. 

Second rôle 

Au-delà de l’animation et de l’occupationnel, ce que Jacques Parizeau qualifiait de hochet de l’indépendance, une réelle volonté de réaliser le pays du Québec passe par une démarche claire, cohérente et transparente. Se dire indépendantiste ne suffit pas. Il est nécessaire d’obtenir toute la légitimité de mettre en action le plan indépendantiste une fois au gouvernement.  

Depuis Lucien Bouchard, l’indépendance est relayée au second rôle au Parti Québécois et ça continue avec le document Projet national qui semble servir de programme au PQ. Dans ce document, il est question de faire un référendum, en y associant le mot «gagnant». Est-ce que cela veut dire que l’engagement à réaliser l’indépendance est, encore une fois, conditionnel à un calcul électoraliste? Le PQ procéderait-il seulement si les conditions sont gagnantes?  

Jamais on ne pourra garantir la victoire d’avance. C’est cette condition tordue qui a amené l’attentisme. Quelle est la meilleure stratégie pour être certain de ne pas perdre un référendum? Je vous le donne en mille: c’est de ne pas le tenir. L’attentisme est plus qu’une stratégie pour le PQ, il est devenu une stature qui le disqualifie, car il ne pourra jamais aboutir sa cause avec cette dernière.  

Quitter l’attentisme pour devenir proactif, c’est non seulement possible, mais nécessaire. L’indépendance ne doit plus être présentée comme un handicap, mais plutôt comme un moteur pour gagner une élection. C’est un changement de culture et de mentalité radical qui nous permettra de réussir. L’indépendance est une condition sine qua non pour se donner les moyens d’agir véritablement pour le bien commun. C’est la seule formule gagnante, si on l’endosse complètement.  

Martine Ouellet, Cheffe de Climat Québec

Ancienne ministre des Ressources naturelles et députée du Parti Québécois

Ancienne cheffe du Bloc Québécois

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