L’incertitude plane encore sur le tramway de Québec: les prochaines semaines seront déterminantes
Taïeb Moalla et Stéphanie Martin
Cinq ans et demi après son lancement, le tramway de Québec en est, encore une fois, à la croisée des chemins. Les prochaines semaines seront déterminantes pour l’avenir du mégaprojet.
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Aucun soumissionnaire n’a levé la main
Aucun des deux soumissionnaires qualifiés n’a déposé de proposition financière pour le volet infrastructures du tramway. Un premier consortium, ModerniCité, dont on connaissait très peu de choses, s’était désisté il y a un an. Il ne restait plus qu’un consortium en lice, Mobilité de la Capitale, qui comptait dans ses rangs le géant français Vinci. Mais en raison principalement des «conditions de financement», il a annoncé au bureau de projet vendredi qu’il ne déposerait pas de proposition, a expliqué M. Marchand. Il aurait eu de la difficulté à obtenir les garanties financières dont il avait besoin pour répondre aux exigences de la Ville. «On a vu les taux d’intérêt monter. Nécessairement, ça coûte plus cher se financer.» Le maire a donc mis fin au processus d’approvisionnement, mardi. «Il était inutile d’étirer un processus sans issue.»
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Une réponse pressante attendue du gouvernement Legault
Bruno Marchand exhorte le gouvernement du Québec à répondre rapidement à sa demande d’embarquer dans le projet de 8,4 milliards $. Cela doit se faire «dans quelques jours, sinon maximum quelques semaines. Deux, trois semaines. On ne peut pas dépasser la fin du mois de novembre.» Étant donné que le partenaire principal pour le financement est le gouvernement du Québec, son engagement est essentiel à la poursuite du projet, soutient M. Marchand. «On a besoin d’une réponse du gouvernement. On ne peut pas se dire on attend ou on part une discussion sur la mobilité dans la grande région et on reviendra après. Ça, c’est tuer le projet.»
Moins cher de reprendre à l’interne
Bruno Marchand a soutenu mercredi qu’une reprise à l’interne du tramway coûterait 8,4 milliards $ aux contribuables, soit bien moins que les 12 à 13 G$ que le consortium encore en lice était en voie de proposer. Comment expliquer un tel écart? «Premièrement, parce que la Ville ne cherche pas à faire du profit. Deuxièmement, parce que la Ville connaît son territoire», a-t-il expliqué. Ce dernier a ajouté qu’un consortium – contrairement à la Ville – n’a pas de liens directs avec des partenaires externes comme le CN, Bell ou Vidéotron. Cette distance aurait représenté un «risque supplémentaire» et aurait fait gonfler la facture, a ajouté le maire.
Le «all-in» du fédéral
Tout comme la Ville de Québec, le gouvernement libéral fédéral est «all-in» sur le projet de tramway, a assuré le maire Marchand, mercredi matin. Quelques heures plus tard, le ministre Jean-Yves Duclos a répété, par voie de déclaration, que «le gouvernement canadien appuie depuis le début le projet de transport collectif moderne de la Ville de Québec». D’après lui, «la ville de Québec est la seule ville de taille comparable au Canada à ne pas avoir de réseau de transport collectif moderne. Si la ville de Québec ne profite pas des sommes disponibles pour la réalisation du tramway, d’autres villes sauteront sur l’occasion pour investir les fonds du gouvernement canadien».
Alstom parle «d’incertitude»
Le géant français Alstom, qui a obtenu le contrat de construction des rames du tramway en avril, regrette «une incertitude» autour du tramway. «La décision de mettre fin au processus d’appel de propositions pour le volet des infrastructures crée une incertitude dont il est difficile, à ce stade-ci, de mesurer les impacts sur le volet du matériel roulant», a affirmé le porte-parole Adrien Vernhes. Ce dernier a néanmoins ajouté qu’il «salue la détermination de la Ville de Québec et du maire Bruno Marchand à réaliser le projet de tramway. Ce projet est important pour Alstom et ses employés au Québec».
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