L’immigration est-elle un danger? Le point avec deux professeurs
TVA Nouvelles
Les déclarations de François Legault sur l’immigration ont engendré un débat autour de la nécessité de choisir des immigrants francophones, mais est-ce réellement une bonne option?
• À lire aussi: Les déclarations de Legault sur l'immigration «font mal» aux Québécois, croit Duclos
• À lire aussi: Nous ne sommes pas des anecdotes
• À lire aussi: Souveraineté : «Ce n’est pas vrai qu’on va cesser le combat!», affirme Lucien Bouchard
La population francophone au Canada est très minoritaire, et les études montrent que leur nombre tend à diminuer avec le temps, pourtant Ottawa dispose d’un contrôle important de l’immigration.
«À l’heure actuelle, j’ai calculé que les 25-34 ans, dans le reste du Canada, en dehors du Québec et du Nouveau-Brunswick, ne sont que 1,5% à parler français à la maison», rapporte Pierre Fortin, professeur émérite d’économie à l’UQAM, en ondes sur LCN dans l’émission «Le Bilan». Au Québec, on parle d’environ 80% des foyers dont le français est la langue principale.
Contrôler l’immigration
Le premier ministre Legault aimerait rapatrier les pouvoirs en matière d’immigration au provincial, argumentant qu’il s’agit d’une question de «survie de la nation».
Le Québec «est en train de perdre le contrôle sur son immigration», pense le professeur à l’UQAM.
La raison est simple : il existe plusieurs types d’immigrants, et Québec ne dispose pas de la même autorité dans le choix de chacun d’entre eux.
On parle de deux types d’immigrants : les permanents et les temporaires. Québec n’a aujourd’hui de poids de décision que pour les immigrants permanents, mais pas pour les immigrants temporaires.
«Quand on fait la somme de ces deux immigrants-là, par exemple en 2018-2019, on avait 95 000 immigrants. On parle souvent de 40 000, mais si on ajoute les temporaires qui sont rentrés de plus, on arrive à 95 000», explique M. Fortin.
Langue à la maison
La langue parlée à la maison est une variable problématique, car elle soulève la notion d’identité. Si les autorités publiques n’ont de pouvoir que sur la langue parlée dans la sphère publique, la remarque jugée intrusive de François Legault, mobilisant la notion de «langue parlée à la maison» et suggérant qu’elle devrait être contrôlée crée le débat.
Si elle semble incontrôlable, «la langue qu’on parle à la maison devient la langue des enfants», soulève Marc Termote, professeur associé au département de démographie à l’UdeM. «Dans une perspective au long terme, il est ultra important de savoir quelle sera la langue parlée par les générations futures», ajoute-t-il.
À court terme également, le professeur rappelle que «la langue que l’on parle à la maison, dans la quasi-totalité des cas, devient la langue qu’on parle au-dehors.»
Retrouvez l’intégralité de l’entrevue de Marc Termote et Pierre Fortin dans la vidéo ci-dessus.