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L'article provient de Le Journal de Québec
Société

Basse-Côte-Nord: l’immense défi de voir mamie

Un couple et ses trois jeunes enfants devraient faire 7 heures de motoneige pour visiter les grands-parents

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Photo portrait de Jérémy Bernier

Jérémy Bernier

2021-12-20T05:00:00Z
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Coupés du monde par l’absence d’une route qui rend les visites presque impossibles, des grands-parents de Tête-à-la-Baleine, en Basse-Côte-Nord, rêvent de voir leurs petits-enfants pour le temps des Fêtes. 

Tête-à-la-Baleine est un petit village de pêcheurs de moins de 150 habitants, en Basse-Côte-Nord.
Tête-à-la-Baleine est un petit village de pêcheurs de moins de 150 habitants, en Basse-Côte-Nord. Photo tirée de Facebook

« Je n’ai jamais vu mes petits-enfants à Noël, et ma fille, ça fait environ 10 ans. Ce serait mon plus grand souhait », souffle Sonia Monger, qui réside à Tête-à-la-Baleine, un village de pêcheurs isolé de moins de 150 habitants où aucune route ne se rend.  

Même Harrington Harbour, municipalité emblématique du film québécois La Grande Séduction, est plus près de la fin de la route 138, à Kegaska, que ce village.

Les options possibles pour que sa fille, Manon Monger Anderson, la visite ont donc tout d’un parcours du combattant.

Et ce, même si Sept-Îles, où celle-ci réside avec son conjoint et ses trois enfants de 5 ans, 3 ans et 1 an, est la plus grosse ville à des centaines de kilomètres à la ronde.

Plusieurs embûches

Carte Le Journal de Québec
Carte Le Journal de Québec

Il y a bien la route blanche qui relie Kegaska à Tête-à-la-Baleine (voir carte) en motoneige, quand la météo le permet.

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Mais le trajet d’une durée de cinq à sept heures – sans compter le déplacement de cinq heures depuis Sept-Îles – est impensable avec trois bambins de moins de 5 ans.  

À plus de 10 000 $ pour deux adultes et trois enfants, l’avion qui fait la liaison entre la petite municipalité et le reste de la Côte-Nord est quant à lui beaucoup trop dispendieux pour la famille.

La seule option « viable » demeure celle du transport maritime, mais elle est aussi semée d’embûches. 

Il faut compter 18 heures sur les eaux et environ 1000 $ si l’embarquement se fait à Kegaska. Mais il n’est pas rare que des délais pouvant atteindre 48 heures surviennent puisque le Bella Desgagnés, qui fait ce trajet, est d’abord un navire de marchandises.  

Moins cher dans le Sud

« Et ça, c’est quand la seule route qui mène au quai à Tête-à-la-Baleine n’est pas inondée », souligne Manon Monger Anderson, ajoutant qu’il est plus dispendieux d’aller voir ses parents au Québec que de partir avec toute sa famille dans le Sud.

Sonia Monger et Armand Anderson espèrent que le prolongement de la route 138 sera accéléré.
Sonia Monger et Armand Anderson espèrent que le prolongement de la route 138 sera accéléré. Photo courtoisie

Le prolongement de la route 138 est un enjeu depuis de nombreuses années en Basse-Côte-Nord. Sur environ 400 km, 5000 habitants sont isolés de la province. 

Enracinée

Un premier tronçon est en réalisation entre Kegaska et La Romaine depuis l’été dernier. Mais l’étude pour relier Tête-à-la-Baleine au reste du Québec n’aboutira qu’en 2023, d’après le ministère des Transports. 

À 54 ans, Sonia Monger ne souhaite toutefois pas quitter son village, auquel elle est très attachée. Et elle ne peut non plus rejoindre elle-même sa fille pour les Fêtes puisque le reste de sa famille demeure dans la petite municipalité. 

« En attendant, je prépare de la nourriture [que j’expédie à] ma fille et ses enfants, je me dis qu’ils vont pouvoir au moins goûter à ce qu’on mange pour Noël ! », conclut la grand-mère.

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