Crise sanitaire: un député du PLC accuse son propre gouvernement de «diviser» la population
Joël Lightbound a quitté son poste de président du caucus du Québec au gouvernement Trudeau quelques heures après sa sortie
Raphaël Pirro
Après avoir lancé un pavé dans la mare en accusant son propre gouvernement d’avoir divisé la société avec son «ton» dénigrant envers la minorité non vaccinée, le député libéral fédéral Joël Lightbound a annoncé qu’il quittait son poste de président du caucus du Québec des libéraux fédéraux.
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«Suite à ma conférence de presse de ce matin, j’ai décidé de démissionner à titre de président du caucus du Québec. Je serai très heureux d’appuyer mon ou ma successeur dans la poursuite de notre travail», a-t-il dit sur Twitter en milieu d’après-midi mardi.
Suite à ma conférence de presse de ce matin, j’ai décidé de démissionner à titre de président du caucus du Québec. Je serai très heureux d’appuyer mon ou ma successeur dans la poursuite de notre travail.
— Joël Lightbound (@JoelLightbound) February 8, 2022
«Ayant exprimé sa pleine confiance dans le gouvernement, il reste membre du caucus libéral», a statué peu après le whip du gouvernement, Steven MacKinnon.
Prenant la parole de manière extraordinaire en matinée, M. Lightbound a affirmé qu’il n’est «pas le seul» dans les banquettes libérales à sentir un «inconfort», voire un «malaise» face au «style de politique» du gouvernement de Justin Trudeau en lien avec l’imposition de la vaccination.
Il a ouvertement déploré la «politisation» de la vaccination dont s’est rendu coupable, selon lui, son gouvernement, qui nourrit la «stigmatisation» entre les vaccinés et non-vaccinés. Il a constaté que le «ton» des libéraux au sujet de la vaccination obligatoire a changé «à l’aube de la dernière campagne électorale».
Une telle critique n’est pas loin de celle que formulent depuis de longs mois les conservateurs.
Le député de Louis-Hébert, dans la région de Québec, était jusqu’à aujourd’hui président du caucus du Québec au sein du parti. Il a assuré avoir averti ses collègues libéraux de sa prise de parole, et a dit être «confiant» de son avenir en sein du Parti libéral du Canada, car celui-ci peut s’accommoder d’un peu de dissidence.
Citant les autres pays qui s’enlignent pour un déconfinement généralisé, M. Lightbound a exprimé sa compréhension envers les gens «inquiets à juste titre» de la sévérité de certaines mesures actuellement en place.
Il s’en est pris à l’obligation vaccinale pour les camionneurs traversant la frontière américaine, mesure qui a été la réelle bougie d’allumage du convoi qui occupe la ville d’Ottawa depuis près de deux semaines.
«Quand j’en vois les coûts, et les coûts entre autres sur une partie des gens que je représente, qui sont parmi les plus vulnérables avec une augmentation de 15 à 20 % des coûts de transport, et de ne pas être capable d’obtenir les données qui sous-tendent cette politique-là, pour moi, ça a quand même été un élément déclencheur» qui l’a finalement poussé à prendre la parole.
Joël Lightbound a «beaucoup de misère avec le discours 90/10 qu’on entend», en référence au nombre de gens qui sont vaccinés contre la COVID-19 versus ceux qui refusent toujours une première dose.
«Il y a plusieurs experts, professeurs qui disent qu’il faut arrêter avec cette avenue-là parce qu’elle contribue à la stigmatisation et pour moi, quand on réduit les êtres qui nous entourent à une seule identité, c’est toujours le premier pas vers la déshumanisation», a-t-il lancé.
Il réclame que son gouvernement songe à augmenter dès maintenant les transferts en santé vers les provinces afin de renforcer le système hospitalier et qu’il présente un plan de déconfinement détaillé.
M. Lightbound se distinguait de ses camarades libéraux sur les réseaux sociaux dans les derniers mois en partageant notamment des articles mettant en relief les dommages sociétaux engendrés par les mesures sanitaires plus strictes.