L’hystérie Taylor Swift m’énerve, mais c’est une bonne chose


Stéphane Cadorette
Petite confidence, puisque nous sommes entre nous... Quelque part, le vent de folie entourant l’idylle entre l’icône de la pop Taylor Swift et l’ailier rapproché des Chiefs Travis Kelce tape sur les nerfs du mordu de football que je suis. En bon québécois, ça m’« énarve » un peu !
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Mais vous savez quoi ? Pour la NFL et pour une partie de son auditoire, c’est un cadeau tombé du ciel, donc aussi bien prendre ma pilule.
Dimanche soir, les Chiefs et les Jets s’affrontaient dans un duel âprement disputé, contre toute attente. Les Chiefs étaient largement favoris, mais les joueurs des Jets sur le terrain donnaient tout pour offrir un spectacle de qualité.
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Pourtant, c’est comme si l’équipe de télédiffusion de la chaîne NBC n’en avait que pour la célébrité mondiale et je ne parle pas de Mahomes ou Kelce. La caméra l’a montrée dans sa loge à 17 reprises pendant le match. Pas une fois, pas huit fois, 17 fois !
Taylor Swift qui s’exclame après un touché des Chiefs. Taylor Swift qui fait l’accolade à la maman de son beau Travis. Taylor Swift qui jase avec Brittany, la tendre moitié de Mahomes. Taylor Swift qui prend des photos. Bref, Taylor Swift se limerait les ongles et l’image banale propulserait quand même l’auditoire et la production télé en transe.

Un nouveau public
Que ce soit clair, je n’enlève rien à cette artiste qui a travaillé pour le succès colossal qu’elle récolte. Ses hits et son charisme, elle ne les a pas volés. Là où ça cloche pour moi, personnellement, c’est que je me soucie autant de sa présence à un match que de l’avènement du bébé royal au triste palais de Buckingham ou de la venue du pape. Que l’on parle chaque fois de l’un ou l’autre de ces trois personnages, l’engouement me semble démesuré.
Je vous le disais, je suis un mordu de la NFL, un vrai puriste. Parce qu’on ne me gave jamais assez de football, je préfère de loin que l’équipe de description s’attarde à décortiquer un jeu plutôt qu’elle s’émoustille à la vue de Swift.
Cotes d’écoute monstrueuses
Ce qu’il faut toutefois réaliser, c’est que dans le public cible de la NFL, ma gang de puristes et moi, nous sommes déjà acquis. Il n’y a rien à tirer de plus de nous. Cette ligue, comme toute entreprise sérieuse et sensée, veut sans cesse étendre ses tentacules vers un nouveau public.
- Écoutez l'entrevue avec Luc Dupont, professeur du département de communication à l’Université d’Ottawa via QUB radio :
Swift est une vedette internationale à laquelle s’identifient des millions de jeunes, particulièrement de la gent féminine.
On ne va pas chercher ce type de public en claquant des doigts, même quand on est la toute-puissante NFL. L’effet Taylor Swift n’a donc rien d’une blague. Il est devenu réel et quantifiable.
Il n’y a pas une ligue ou une équipe au monde, sur le plan du marketing, qui ne rêverait d’un tel mariage de cœur ou de raison.
Sur un plateau d’ESPN, Mark Cuban, l’intempestif propriétaire des Mavericks de Dallas dans la NBA, a même invité à la blague la chanteuse à rompre avec Travis Kelce. « On a de beaux jeunes hommes célibataires ici qui sont prêts. On s’occupe de toi », a-t-il badiné.
Séduire la masse

L’anecdote démontre tout le pouvoir d’attraction d’une telle icône. Là où Taylor Swift va, le public suit. La NFL saute donc sur l’occasion et même si un minime pourcentage des Swifties demeurera accro au produit sur le terrain quand la romance ne deviendra qu’un torride souvenir, la ligue y voit des gains massifs.
Les ligues de sport professionnel cherchent par tous les moyens imaginables des façons de séduire les jeunes, qui sont difficiles à atteindre. Que ce soit avec les réseaux sociaux, jeux vidéo, animations ou autres gadgets, les différents circuits ne peuvent rester les bras croisés. La NFL vient de trouver une autre façon d’imprimer les dollars et d’accroître substantiellement son auditoire.
Que moi ou d’autres purs et durs levions les yeux au ciel parce que la ligue et ses diffuseurs sont en pâmoison devant Swift ne changera rien à l’affaire. Shake it off, comme dirait la star dans l’un de ses innombrables tubes.