L’histoire méconnue de Laura Poitras, une cinéaste oscarisée qui a des racines bien gaspésiennes

Jacques Noël
En 2015, l’Américaine Laura Poitras a remporté l’Oscar du meilleur documentaire pour son film Citizenfour, qui portait sur l’espionnage numérique et la saga du lanceur d’alerte Edward Snowden au pays de Vladimir Poutine. Elle est de nouveau dans la course aux Oscars cette année avec All the Beauty and the Bloodshed, une œuvre percutante qui a remporté le Lion d’or à la Mostra de Venise. Portrait de cette artiste dont les ancêtres sont Québécois.
Laura Poitras est née le 2 février 1964 à Holliston, près de Boston, dans une famille des plus aisées.
En 2008, son père, James Poitras, ingénieur et actionnaire de Highland Laboratories, est un grand philanthrope. Il a notamment fait un chèque 20 millions de dollars pour soutenir un institut impliqué dans la recherche sur le cerveau.
Parti de la Gaspésie en 1892
Le patrimoine familial des Poitras a été bâti par le grand-père, Edward Poitras (1906-1981), né dans une modeste famille canadienne-française à Rumford, au Maine. Son père, Pierre — aussi appelé Peter John —, machiniste, venait de Mont-Louis ; il avait quitté sa Gaspésie natale vers 1892.
Étudiant fort talentueux, Edward avait reçu du prestigieux Massachusetts Institute of Technology (MIT) une bourse pour payer toutes ses études de baccalauréat et de maîtrise en génie électrique. « Ils avaient même payé mes billets de train », avait-il confié fièrement à son fils James.

Grand-père scientifique
Pendant la Deuxième Guerre mondiale, Edward Poitras a travaillé pour le Département de recherche scientifique des États-Unis et a été directeur de la recherche chez Ford. Il a aussi conçu le système de commandes manuelles du télescope du mont Palomar en Californie.
En 1953, il fonde Highland Laboratories, une société qui fabrique du matériel médical qui fera la fortune de la famille. À sa mort en 1981, Poitras détenait pas moins de 72 brevets d’invention. Des brevets reliés au contrôle thermique, aux appareils gyroscopiques, aux sacs de sang en plastique, aux détecteurs de feu ainsi qu’aux distributeurs de désinfectant qu’on a tous bien connus dans la foulée de la pandémie de COVID-19.

Beaucoup d’ancêtres
L’ancêtre familial de l’époque de la Nouvelle-France, Jean Poitras (1635-1711), originaire de Cugand au sud de Nantes, a eu 17 enfants de sa première femme, la Parisienne Marie-Xainte Vié dit Lamothe (1649-1691), épousée à Québec à l’âge de 15 ans.
Après quatre ans de veuvage et de monoparentalité, il a épousé Marie-Anne Lavoie (1673-1711), une Canadienne de 22 printemps née à Saint-Augustin, non loin de Québec, et qui lui donnera 10 autres enfants. Poitras aura ainsi procréé jusqu’à la dernière année de sa vie. Aujourd’hui, sa descendante, Laura Poitras, fait rayonner le patronyme québécois au cinéma.

Son documentaire All the Beauty and the Bloodshed, qui raconte le combat militant de l’activiste Nan Goldin contre les opiacés qui ont causé la mort d’un demi-million de personnes aux États-Unis seulement, depuis le début du siècle, pourrait lui valoir un second Oscar.
Cette grande fête du cinéma aura lieu le 12 mars prochain.

Lignée paternelle de Laura Poitras
I. POITRAS, James
et son épouse, Patricia
II. POITRAS, Edward (1906-1981)
WILLARD, Dorothy
III. POITRAS, Pierre (1873-1938)
DUBÉ, Amanda (1881-1957 ?)
m. le 11 février 1899, Lewiston, Maine
IV. POITRAS, Louis Auguste (1843-1932)
LAPOINTE, Adelaide (1845-1915)
m. le 17 juillet 1865, Sainte-Anne-des-Monts
V. POITRAS, Amable (1799-1874)
GUIMOND, Marie Desanges (1803-1849)
m. le 3 février 1840, Cap-Saint-Ignace
VI. POITRAS, Jean-Baptiste (1762-1827)
BERNIER, Marguerite (1768-1838)
m. le 25 octobre 1785, Cap-Saint-Ignace
VII. POITRAS, Joseph-Marie (1714-1789)
GARNEAU, Marie-Josephte (1740-1806)
m. le 6 octobre 1761, Sainte-Foy
IX. POITRAS, Joseph-Lucien (1684-1748)
MOISAN, Geneviève (1691-1766)
m. le 24 novembre 1708, Lorette
X. POITRAS, Jean (1635-1711)
VIÉ dit LAMOTHE, Marie-Xainte (1649-1691)
m. le 27 août 1664, Québec