L’histoire du plus grand trafiquant colombien de cocaïne


Louise Bourbonnais
Maria Isabel Santos-Escobar écrit dans cette biographie tout ce qu’elle savait à propos des activités clandestines de son mari, Pablo Escobar, le milliardaire le plus recherché au monde, le criminel le plus impitoyable qui contrôlait 80 % du trafic mondial de cocaïne et avec qui elle a vécu pendant une vingtaine d’années.
« J’ai marié un psychopathe », clame d’emblée Maria Isabel Santos-Escobar aujourd’hui âgée de 61 ans qui vit seule à Buenos Aires et qui a mis plus de 25 ans à se décider à raconter la vie de son mari tué en 1993.
Après la mort de son mari, chef du cartel de Medellín, elle a passé une vingtaine d’années en cavale en Argentine. Pour survivre, elle a dû monnayer sa propre survie et celles de ses deux enfants, négocier avec l’État colombien, modifier leurs identités et chercher un pays d’accueil.
Lorsqu’on lui demande comment elle a pu vivre toutes ces années avec ce criminel qui a tué et incarné le mal, avec celui que l’on qualifie d’homme le plus dangereux de Colombie, elle répond naïvement : « Je l’aimais ! » Disons que, depuis, Maria a perdu sa naïveté. Tellement d’événements sont survenus dans sa vie, dont son propre emprisonnement avec son fils en Argentine pour usage de fausses identités et blanchiment d’argent. Elle a finalement été innocentée.
Maria a quitté l’enfance bien avant son âge. Elle a fui sa famille pour se marier avec Escobar alors qu’elle n’avait que 15 ans. Adolescente, Maria est follement amoureuse de Pablo qui la couvre de cadeaux, même si elle savait qu’il avait déjà fait de la prison, car très jeune Pablo participe à un réseau de vol de voitures, kidnappant contre rançon, avant de se lancer dans le trafic de cocaïne.
Ensuite, elle a vécu dans l’ombre de son mari, elle est tombée enceinte, et a suivi son mari en obéissant sans poser de questions.
Mauvaises surprises
Si Maria croyait tout savoir sur son défunt mari au moment d’amorcer l’écriture de son livre, elle a eu de mauvaises surprises en faisant des recherches sur lui. « J’étais horrifié par ce que j’apprenais », écrit celle qui a vécu pendant des années avec la peur de mourir en étant la femme du richissime parrain du cartel de la drogue de Medellín en Colombie.
« J’ai découvert combien de personnes avaient souffert de l’horreur de la guerre liée au narcotrafic. » Aujourd’hui avec le recul, sagesse oblige, celle qui a connu l’humiliation et les mensonges de son mari en plus de subir des perquisitions et des menaces de mort, reconnaît ses responsabilités, tout comme son irresponsabilité.
Bons moments
Heureusement, pour Maria, il y a eu de bons moments à l’époque où Pablo fait l’acquisition de nombreuses maisons, ainsi que d’un domaine avec un héliport, une piste d’atterrissage et de nombreuses autres excentricités, dont six hélicoptères, et une flotte d’une quinzaine d’avions comptant un Learjet. Il engage aussi des pilotes, ses avions servant notamment au transport de la cocaïne vers les États-Unis, en plus de piloter lui-même certains d’entre eux.
On apprend également que l’un de ses fantasmes était d’avoir son zoo. Ainsi, Pablo réalise son rêve le plus fou. Il se rendra avec Maria à Dallas au Texas pour visiter un zoo.
Il a acheté des animaux provenant de différents continents, dont des zèbres, des girafes, des éléphants, des hippopotames et des kangourous, entre autres.
« Mon voyage au zoo à Dallas fut le voyage le plus merveilleux de ma vie », souligne Maria, car elle voyait son mari heureux. Son zoo fut apparemment un grand succès puisque la population était invitée gratuitement. D’ailleurs, Pablo aimait faire bonne impression auprès des gens pauvres de Colombie. Il a notamment fait construire des terrains de football, participé à la construction d’hôpitaux et d’église et était toujours partant pour commanditer des équipes de jeunes sportifs.
Finalement, Maria demande pardon aux victimes tombées aux mains de son mari. « Pour tout ce qu’il a fait, j’implore le pardon », écrit-elle. « Même si la loi me donne le droit de ne pas dénoncer le père de mes enfants, je sais que cette vie ne suffira pas à demander pardon pour ne pas l’avoir abandonné et dénoncé. »
