L’ex-candidat de QS évincé pour ses propos sur les wokes recruté au PQ

Annabelle Blais et Patrick Bellerose
L’ex militant de Québec solidaire Raphaël Fiévez se joint à l’équipe de bénévoles au local électoral du Paul St-Pierre Plamondon dans Camille-Laurin.
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M. Fiévez a été brièvement candidat pour QS dans L’Assomption, du moins pendant quelques heures sur internet puisqu’il s’est retrouvé sur le site du parti avant d’être retiré puis évincé de la formation politique en raison de propos sur l’identité des genres. Il a aussi commenté de façon favorable sur les réseaux un article de Richard Martineau sur «Le racisme des wokes antiracistes».

M. Fiévez, un travailleur social de Montréal, a critiqué à plusieurs reprises l’idéologie «woke». C’est lui qui a contacté M. Plamondon pour s’impliquer, après que QS lui eut montré la porte de sortie.
Le chef du PQ a accepté au nom de la liberté d’expression. « Évidemment lire une chronique de Richard Martineau ou de Mathieu Bock-Côté comporte son lot de dangers, a déclaré avec sarcasme M. Plamondon. Il y a des idées, on peut retrouver des débats d’idées et même dans les chroniques de Richard Martineau, on peut retrouver des blagues, qui sait.»
« Mais au final ce qu’on tient à dire comme parti politique c’est que le fait de partager une chronique [...] en disant ‘article intéressant’ pour nous au Parti québécois c’est un comportement démocratique », a poursuivi le chef accompagné de M. Fiévez dans le stationnement d’un restaurant dans la circonscription Camille-Laurin à Montréal.
M. Fiévez n’a pas simplement partagé la chronique, il l’a aussi commenté. « Le problème n’est pas seulement le partage, mais le texte que tu as écrit en accompagnement », lui reprochait d’ailleurs la responsable de QS dans un échange de courriels avec l’aspirant candidat, dont le Journal a obtenu copie.
-Écoutez Raphaël Fievez , ex-candidat de Québec Solidaire en entrevue avec Mario Dumont sur QUB radio :

Le partage sur Twitter de la chronique de Richard Martineau intitulée « Le racisme des wokes antiracistes », publiée en avril 2021 portait sur un livre de Mathieu Bock-Côté.
M. Fiévez commentait alors l’article en ces termes : « Intéressant article qui met en garde contre ce mouvement grandissant dans divers milieux. Des pseudos-vertueux ayant la révélation divine. Comment combattre le racisme des antiracistes »
Quelques mois plus tôt, au sujet du ministre de l’Environnement, Benoit Charette, qui venait de se voir confier le dossier de la lutte contre le racisme, M. Fiévez avait commenté: « «Quelque chose me dit que les ''wokes" vont critiquer cette nomination. Après tout, ce futur ministre est un homme blanc...privilégié...proche de la cinquantaine...toutes les tares pour un individu aujourd'hui...Curieux de savoir si je vois juste ou non »
De plus, il s’est aussi prononcé sur l’identité des genres : : « Des militants “wokes” [voudraient] faire interdire des mots comme “femme”, “homme”, “fille”, “garçon”. « [Mais] nous ne naissons pas asexués. [...] Nous naissons, comme tous les animaux, mâles ou femelles. Nous avons le choix, arrivé à l’âge de raison, d’accepter ce sexe donné ou non », concluait-il.
Questionné de nouveau en après-midi à Saint-Jérôme cette fois, M. St-Pierre Plamondon a précisé qu’il n’endossait pas les propos du bénévole. «Et je n’ai pas à le faire, a-t-il répondu. Ce que je partage c’est l’espace de partage, d’interrogation, de chronique. »
M. Fiévez considère qu’on lui a interdit de parler librement et que cela n’est pas normal dans une démocratie. Questionné à savoir s’il avait peur des wokes, il dit avoir surtout peur d’une mouvance qui existe empêche les gens de faire des conférences dans les universités ou de « retirer certains mots ».
Arrivé de Belgique en 2011, M. Fiévez s’est aussi dit, au passage, préoccupé par le déclin de la langue française, ce qui l’a convaincu, après avoir d’abord été militant pour QS, de rejoindre le PQ.
« Pour nous la liberté d’expression, c’est une valeur », a insisté M. Plamondon. C’est important de maintenir le débat démocratique dans le respect de toutes les diversités d’opinions. Des fois, on est fâché contre un chroniqueur et des fois on est d’accord. C’est normal. »
Il a cité au Jacques Parizeau qui disait que le ‘dernier entré laisse la porte ouverte’. « Je fais la même chose avec Raphael. »
QS se défend
En impromptu de presse à Rivière-du-Loup, Gabriel Nadeau-Dubois a assuré que les commentaires de M. Fiévez au sujet des chroniques de Richard Martineau et Mathieu Bock-Côté ne sont pas à l’origine de son exclusion du parti.
« Les gens peuvent lire ce qu’ils veulent et commenter comme ils veulent », a assuré le porte-parole de Québec solidaire.
« On a un processus où on vérifie si les candidats-candidates, appuient les valeurs de Québec solidaire de manière générale. Dans le cas de M. Fiévez, ce processus-là n’a pas été concluant. Pis d’ailleurs, s’il se joint au Parti québécois, c’est donc la démonstration que c’est le parti qui le rejoint le plus et je lui souhaite un bon militantisme », a-t-il ajouté.
M. Nadeau-Dubois a reconnu que ses positions sur l’identité de genre ont pesé dans la balance contre M. Fiévez. « Il y avait plusieurs enjeux, notamment celui-là. Mais il y en avait plusieurs autres », assure-t-il.

Le leader solidaire n’a pas voulu préciser si la remise en question de l’identité de genres pouvait constituer, à elle seule, on motif d’expulsion.
Questionné peu après, le secrétaire général du parti, chargé au sens de la loi électorale d’approuver ou de rejeter les candidatures, a précisé que toutes les raisons qui ont mené à l’expulsion de M. Fiévez n’ont pas été exposées dans les médias.
« Les éléments qui sortent publiquement ne sont pas forcément les seuls éléments. Je vais m’en tenir à ça », a déclaré Nicolas Chatel-Launay.
Même si le nom de M. Fiévez avait été ajouté à son site web, QS assure que celui-ci n’a jamais reçu sa lettre officielle de confirmation pour sa candidature. L’ajout sur leur site était une « erreur humaine », son nom se serait retrouvé dans la mauvaise liste.
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