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L'article provient de Le Journal de Montréal
Monde

Eurovision 2024: une finale sous le signe de la controverse

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AFP

2024-05-11T12:43:37Z
2024-05-11T21:43:37Z
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La finale du concours de l’Eurovision est en cours samedi soir en Suède, après une semaine de tensions autour de la participation israélienne, sur fond de guerre en Israël et le Hamas palestinien. 

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Dans la salle de spectacle, la performance de la candidate israélienne, Eden Golan, a été accueillie sous un mélange de huées et de bravos, avant de poursuivre dans le calme.

À des milliers de kilomètres de là, dans un bar gai de Tel-Aviv, Tal Bendersky, 23 ans, est venu montrer son soutien à l’artiste qu’il espère voir gagner la compétition : cela montrerait que « nous ne sommes peut-être pas si détestés que ça, et que la musique a réellement gagné ».

La prestation de Baby Lasagna, l’archi favori croate, avec ses chats en néon, a été très largement applaudie par les 9 000 spectateurs de la Malmö Arena.

À l’extérieur, les policiers, présents en nombre, ont dispersé une centaine de manifestants propalestiniens dont Greta Thunberg, plus connue pour ses prises de position sur le climat, mais qui ont récemment multiplié les messages sur la question.

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Pour assurer la sécurité de l’événement — et des 100 000 admirateurs de 90 pays, la police de Malmö a mobilisé des renforts de tout le pays scandinave, mais aussi du Danemark et de Norvège.

Dans les rues de la troisième ville de Suède, qui compte la plus importante communauté d’origine palestinienne du pays, plus de 5 000 personnes, selon la police, ont défilé dans le calme pour protester contre la participation d’Israël.

« Nous ne sommes pas contre l’Eurovision, mais contre la participation d’Israël à l’Eurovision. Nous ne voulons pas de sa représentante à Malmö (...) à cause de ce qui se passe à Gaza », a résumé Ingemar Gustavsson, un retraité suédois.

Les syndicats de la chaîne de télévision publique flamande VRT ont brièvement interrompu la retransmission samedi soir pour diffuser un message condamnant des « violations des droits de l’homme par l’État d’Israël », comme il l’avait fait jeudi lors de la deuxième demi-finale.

À la mi-journée samedi, l’Union européenne de radiotélévision (UER), qui chapeaute le concours, a par ailleurs annoncé l’exclusion du participant néerlandais Joost Klein après le dépôt d’une plainte par une membre de l’équipe de production. Une enquête de police est en cours.

Le diffuseur néerlandais Avrotros a expliqué que son candidat avait eu un « mouvement menaçant » vers une cadreuse jeudi soir.

Il a ensuite indiqué sur le réseau social X que les points du jury néerlandais ne seraient pas annoncés en direct samedi soir.

Appels au boycottage 

Eden Golan, 20 ans, avait décroché jeudi soir son ticket pour la finale avec la chanson « Hurricane », dont la version initiale avait dû être modifiée, car considérée comme faisant allusion à l’attaque du Hamas qui a ensanglanté Israël le 7 octobre.

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Avant la demi-finale, le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu avait jugé qu’elle avait « déjà gagné », la saluant dans un message vidéo pour avoir affronté « avec succès une horrible vague d’antisémitisme ».

Elle figurait samedi en deuxième place chez les parieurs.

L’UER avait confirmé en mars la participation israélienne malgré les critiques. Neuf des participants, dont sept sont en finale, ont appelé à un cessez-le-feu durable à Gaza, où Israël multiplie les frappes.

Israël participe depuis 1973 à l’Eurovision, qu’il a remportée pour la quatrième fois en 2018.

Vendredi, le parti d’extrême gauche espagnol Sumar — dont la dirigeante Yolanda Diaz est numéro trois du gouvernement — a lancé une pétition pour demander l’exclusion d’Israël de la finale « au moment où ses troupes exterminent le peuple palestinien et détruisent toute la région ».

Paris a pour sa part rétorqué que « la politique n’a pas sa place à l’Eurovision ».

Neutralité 

Mais la neutralité revendiquée par l’UER est bousculée comme jamais.

Mardi, le chanteur suédois Eric Saade était apparu le bras ceint d’un keffieh palestinien lors du numéro d’ouverture.

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Un geste regretté par l’UER, qui avait interdit au président ukrainien Volodymyr Zelensky de s’exprimer lors du concours l’an dernier, au nom de la neutralité politique.

Cette année, le conflit en Ukraine a été éclipsé par la guerre à Gaza, déclenchée par l’attaque du mouvement islamiste palestinien, qui a fait plus de 1 170 morts, des civils pour la plupart, selon un bilan de l’AFP établi à partir de données officielles israéliennes.

En riposte, l’armée israélienne a lancé une offensive à Gaza, qui a fait jusqu’à présent 34 943 morts, selon le ministère de la Santé du Hamas.

Dans l’enceinte, tout drapeau autre que ceux des participants est interdit, comme toute bannière à message politique.

La police suédoise a assuré qu’il n’y avait « pas de menace dirigée contre l’Eurovision ». L’été dernier, la Suède a relevé son niveau d’alerte terroriste après des actes de profanation du Coran.

Du côté des festivités, l’édition 2024 offre un large éventail de genres musicaux, de la ballade à l’électro. Malmö espère offrir aux fans « the time of (their) life » (le moment de leur vie), comme le chantait ABBA, qui avait offert la couronne de l’Eurovision au pays il y a un demi-siècle exactement.

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