Leur quartier dégueulasse en permanence: des citoyens de Parc-Ex réclament plus d’amendes pour les délinquants de la vidange


Louis-Philippe Messier
À l’intérieur de Montréal, le journaliste Louis-Philippe Messier se déplace surtout à la course, son bureau dans son sac à dos, à l’affût de sujets et de gens fascinants. Il parle à tout le monde et s’intéresse à tous les milieux dans cette chronique urbaine.
Certains déchets sur des terrains privés de Parc-Ex polluent le décor depuis tellement longtemps qu’on pourrait souligner leur anniversaire.
Sur un lopin de bord de trottoir près de la rue de Liège, je dénombre quelque trente bouteilles de plastique dans divers états de dégradation, mêlées à l’herbe.
«Ce n’est pas juste la neige qui a recouvert ça pendant l’hiver, c’était déjà comme ça l’année dernière, voire celle d’avant», déplore la résidente de l’arrondissement Anh Ngo devant ce petit dépotoir officieux qui enlaidit son quartier.
«Aux automobilistes à qui je donne des indications sur la rue Bloomfield, je leur dis de tourner à droite sur la rue au coin de laquelle il y a plein de poubelles, ajoute un autre citoyen de la place, Roberto Reginato. C’est devenu un point de repère.»

Vidangeuse bénévole
«Je ramasse tellement souvent des déchets partout que les gens pensent que je travaille pour la Ville», raconte quant à elle, Anna Gallaccio, qui agit pour assainir son quartier.
Le lopin dégueulasse dont je parlais tantôt, Mme Gallaccio l’aurait déjà nettoyé si ça avait été plus près de chez elle.
«Je fais une différence en nettoyant même chez mes voisins, mais la Ville ne me paie pas pour ça. Est-ce normal que ce soit à moi de faire ça?» continue-t-elle.
«À quoi servent nos impôts si c’est nous qui faisons le travail?» demande à son tour Mme Ngo.
Le soir quand elle promène son chien, ce dernier s’excite à la vue des rats qui se régalent des juteux détritus qui abondent dans les sacs.

Nécessité de sévir
Mmes Ngo et Gallaccio et M. Reginato se disent à bout et réclament de lourdes amendes pour les contrevenants de la vidange.
Ils ont convié Le Journal à une balade d’observation de déchets.
«Nous avons convié nos élus à faire cette même balade, mais on n’a pas eu de réponse», dit M. Reginato.
Ils s’inquiètent que la Ville envisage de collecter les vidanges seulement aux deux semaines.
«C’est irréaliste parce qu’il y a ici beaucoup d’immigrants qui ne parlent ni français ni anglais, et qui ne font que passer avant de déménager, alors on n’a pas le temps de leur apprendre quoi et comment recycler et composter... tout se retrouve dans le même sac aux vidanges!», explique Mme Ngo.
La densité de population du quartier est particulièrement élevée:
«Quand huit ou six personnes vivent dans un quatre et demi, ça produit des déchets plus rapidement», avance M. Reginato.
«Ils devraient recommencer à collecter les vidanges deux fois par semaine dans ce coin-ci de la ville», suggère Mme Gallacio.
À l’arrondissement Villeray-Saint-Michel-Parc-Extension, on reconnaît la situation particulière du quartier, mais on soutient avoir adopté une attitude plus mordante envers les contrevenants l’an dernier :
«Nous avons effectué un blitz avec nos inspecteurs et pendant trois semaines, nous avons fouillé dans les sacs et cogné aux portes pour sensibiliser les habitants des zones problématiques», explique la porte-parole Catherine Barbeau.
Les citoyens pris en faute s’exposent à une amende de 250$ à la première offense et de 500$ à la deuxième.
Quand l’arrondissement fera de nouveau un «blitz» avec ses inspecteurs cet été, je compte bien y assister comme journaliste.
