Bye bye Hydro: il n'a pas payé une facture à Hydro-Québec en presque 20 ans


Simon Dessureault
Un couple de Lanaudière qui n’a jamais été branché à Hydro-Québec depuis presque 20 ans réussit à combler les besoins énergétiques de sa maison, ce qui ne s’est toutefois pas fait sans complications.
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Jean Morse et Martine Pinard ont acheté un terrain en 1993 à Sainte-Émélie-de-l’Énergie. Il y avait à l’époque une promesse de branchement du promoteur pour le développement d’un domaine, selon Jean Morse, que nous avons rencontré à son domicile.
«Beaucoup de gens attendaient après l’électricité pour se bâtir, mais moi je n’ai pas attendu», se souvient Jean Morse, menuisier de carrière, qui a lui-même construit son immense maison en bois rond au fil des années.
M. Morse et sa conjointe décident d’habiter l’endroit à temps plein à partir de 2004. Et il n’y avait toujours pas de branchement à Hydro-Québec, malgré plusieurs démarches des propriétaires du secteur quelque peu éloigné de la route 131, dans le bois.

«Hydro avait implanté un réseau, on voyait les poteaux [toujours là], mais le promoteur n’a jamais donné suite à ça pour faire un dépôt, selon la version de M. Morse. On n’a jamais eu d’électricité d’Hydro-Québec.»
Le domaine a changé de propriétaire au fil des années et Hydro demandait environ 300 000 $ à une douzaine de propriétaires pour les brancher au réseau, selon M. Morse et sa conjointe.
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Génératrice et système à l’huile
Le couple, qui avait également des jeunes enfants à cette époque, a donc acheté une génératrice de 8000 watts avec un petit moteur de deux cylindres qui consommait un litre d’essence à l’heure. Ils ont fonctionné ainsi pendant une dizaine d’années.
«La génératrice ne fonctionnait pas durant la journée pendant qu’on était au travail et que les enfants étaient à l’école, raconte M. Morse. Le soir c’était le gros boom, on faisait la cuisson et tout ce qu’on avait à faire en 4 heures.»
Les propriétaires ont maintenant un système à l’huile (bouilloire à l’huile) qui produit de l’eau chaude domestique et de l’eau chaude pour les planchers. M. Morse avait en effet conçu un système de planchers thermiques. Il chauffe aussi avec deux poêles à bois.
Au solaire avec des batteries de sous-marin
Dans les alentours de 2013, M. Morse et sa conjointe ont adopté l’énergie solaire photovoltaïque. Ils ont acheté un kit de 10 panneaux solaires de 260 watts chacun, avec l’onduleur et deux grosses batteries de 16 pouces de large, 3 pieds de long et 3 pieds de haut. Ils ont payé l’ensemble environ 15 000 $.
«On avait des batteries de sous-marins ! s’exclame M. Morse. Je ne savais pas que les sous-marins avaient des batteries, ça pèse une tonne!»
«Catastrophe»
Mais les batteries ont flanché en pleine pandémie en 2020.
Il y avait une garantie de 25 ans sur les batteries, c’est-à-dire sur le fait qu’elles ne couleraient pas et qu’elles ne craqueraient pas.
«L’intégrité physique de la batterie était garantie pour 25 ans, mais elle ne produisait plus d’électricité, donc la garantie ne s’appliquait pas», se rappelle M. Morse.
«On pensait avoir la paix pour 25 ans, ce n’était pas cher au bout de 7 ans, mais il fallait en acheter d’autres», ajoute sa conjointe. Le système était toutefois encore bon, alors que les panneaux solaires du premier kit sont toujours sur le toit de la maison.

Ils ont donc commandé un système de batteries au carbone hyper sophistiquées d’une compagnie chinoise (Ritar), sur les conseils d’un ami spécialisé dans l’énergie solaire.
«On a envoyé 20 000 $ en Chine, ç’a été un mois extrêmement stressant», se souvient Martine Pinard.
«Quand j’ai reçu l’appel me disant que les batteries étaient rendues à Dorval, il y a une tonne de pression qui est tombée de sur mes épaules», a ajouté Jean Morse.
Pas de subventions
Le couple n’a par ailleurs jamais eu droit à des subventions pour son système. «La subvention s’applique à l’installation, mais je suis capable de le faire moi-même, je n’ai pas besoin de payer un gars à 80 $ de l’heure.»
Une possibilité de branchement plane encore pour l’automne pour les gens de ce secteur, alors que la municipalité est venue en aide aux propriétaires.
«Je n’y crois plus, on a investi dans le solaire, on va rester dans le solaire», a dit Martine Pinard.

- génératrice de 8000 watts avec un petit moteur de deux cylindres (dans les premières années)
- bouilloire à l’huile
- 10 panneaux solaires de 260 watts
- planchers thermiques
- deux poêles à bois