«Let’s go, la grève»: un ex-agent de bord d’Air Canada déplore les conditions de travail

Andrea Lubeck
Un ex-agent de bord chez Air Canada Rouge s'est vidé le cœur hier sur les conditions de travail outrageantes qu'il subissait.
«Je suis un ex-agent de bord d’Air Canada et laissez-moi vous dire que... let’s go, la grève», lance Alexis Richard dans une vidéo TikTok.
@arichardvideo Ex agent de bord d’Air Canada - après avoir souvent été outré, ça me fait plaisir d’enfin en parler. . . #travel #aircanada #flightattendant ♬ original sound - Alexis Richard
Il déplore le fait que les agents de bord travaillent parfois de longues heures sans être rémunérés. Les quelque 10 000 agents de la section Air Canada du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) demandent qu'elles le soient.
«T’arrives à l’aéroport super d’avance parce que personne veut mettre un avion en retard. Tout ce temps-là, tu n’es pas payé. Tout le temps que tu passes la sécurité, les douanes... pis laissez-moi vous dire que ça peut être super long, des fois, même si t’as des accès prioritaires», explique-t-il.
«Après, t’attends que l’avion soit prêt et, des fois, l’avion est pas là parce qu’il y a beaucoup de retard. Tout ce temps-là, t’es pas payé. On rentre, on fait les safety checks, on n’est pas payé. On vous accueille les passagers, on n’est pas payé. Après ça, tout le moment où je vous aide à placer vos valises, que je prépare les affaires en arrière, je prépare la bouffe, je m’assure qu’il ne manque rien, je suis pas payé.»
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Ce n’est que lorsque les roues de l’avion roulent pour décoller que les agents de bord commencent à être rémunérés, ajoute-t-il.
«Quand vous, les passagers, êtes fâchés parce qu’il y a une tempête de neige et qu’il y a des délais dus à la météo, ben dites-vous que nous autres aussi, on n’est pas payés et qu’on passe tout ce temps-là à poireauter à l’aéroport», révèle Alexis Richard.
Disparité dans les conditions de travail
Un autre aspect des conditions de travail aussi méconnu que désagréable: le drafting, le terme utilisé par l’employeur pour désigner un quart de travail sur appel.
«Quand je finissais une journée de travail, si je n’avais pas une journée de congé protégée, je pouvais me faire drafter, ça veut dire me faire forcer à travailler le lendemain», précise-t-il.
Il affirme qu’il avait parfois seulement 10 ou 12 heures avant de devoir retourner travailler «pour une journée de 17 heures [si Air Canada] le voulait».

Il regrette également la disparité des conditions de travail entre les employés qui œuvrent pour Air Canada Rouge, la filiale à bas prix, comparativement à celles des agents de bord d’Air Canada.
«J’ai adoré voyager, j’ai adoré les passes stand-by, sauf que ce n’est vraiment pas un gros salaire. Tu fais entre 75 et 95 h rémunérées par mois, donc en réalité c’est vraiment plus d’heures qu’on passe à l’aéroport, en déplacement, et tout», dit-il.
«Ce pourquoi les agents de bord se battent, c’est vraiment [légitime]», croit-il.
Le syndicat a déposé un préavis de grève de 72 heures tôt dans la nuit, mercredi.
L’employeur a aussitôt riposté avec un avis de lock-out, qui va entraîner l’annulation progressive de vols dès jeudi.