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L'article provient de Le Journal de Montréal
Société

L’État devrait pouvoir virer les mauvais employés

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Photo portrait de Richard Martineau

Richard Martineau

2023-04-03T04:00:00Z
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Vous avez regardé Le Monde à l’envers à TVA, vendredi ?

Stéphan Bureau interviewait Michelle Bourassa, la fille de l’ex-premier ministre Robert Bourassa, qui racontait comment sa mère, Andrée Simard, est morte dans des conditions épouvantables au Centre hospitalier de St. Mary.

C’est bien simple, on ne traiterait jamais un animal comme ça.

Je n’utilise pas cette image pour faire joli. C’est la vérité vraie. 

Jamais des vétérinaires ne traiteraient un chien comme le personnel de cet hôpital a traité Andrée Simard. 

C’est indigne d’une nation supposément civilisée. 

« BURN-OUT COMPASSIONNEL »

Lors de son entrevue, madame Bourassa a dit que chaque fois qu’elle demandait aux infirmières du Centre hospitalier de St. Mary de donner de la morphine à sa mère agonisante pour soulager ses douleurs, elle se faisait revirer comme une crêpe. 

On l’engueulait et menaçait de la sortir manu militari de l’hôpital...

On comprend que certains métiers demandent aux gens de mettre leurs émotions « à distance » : policiers, ambulanciers, urgentistes, psys...

Il faut que tu te construises une carapace, sinon tu craques. 

Mais pour reprendre la très juste expression qu’a utilisée Michelle Bourassa lorsque je lui ai parlé dans le salon des invités après l’émission, les infirmières de ce centre hospitalier n’avaient pas mis leurs émotions « en veilleuse ».

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Elles n’en avaient plus. 

Comme si elles faisaient un « burn-out compassionnel ».

On comprend la situation : pandémie, pénurie de main-d’œuvre, travail supplémentaire, pression, fatigue... 

Reste que rien ne justifie un tel manque d’humanité.

Et le pire est que ce qui est arrivé à madame Simard n’est pas une « anecdote » isolée.

Sur sa page Facebook #MortEnSilence — Pour le respect des droits fondamentaux en fin de vie, la fille de l’ex-premier ministre publie les témoignages de nombreuses personnes qui ont vécu le même genre d’expérience. 

L’INCOMPÉTENCE QUOTIDIENNE

En écoutant Michelle Bourassa raconter son histoire, je me disais : c’est bien beau, une réforme, mais ça ne peut pas tout régler. 

Il y a des gens qui ne sont pas faits pour faire ce genre de travail, point. 

Comme il y a des gens qui ne sont pas faits pour être prof. Ou flic. 

Le hic, c’est que dans la fonction publique, personne n’est imputable, personne n’est responsable, personne n’est rétrogradé et personne ne perd sa job. 

Vous me direz que dans le privé, ce n’est guère mieux, comme l’a prouvé la tragédie du CHSLD Herron, mais au moins, tu peux virer un mauvais employé, alors que dans le public, c’est presque impossible. 

Si on veut vraiment réparer notre système, il faudrait permettre aux administrateurs de virer (ou rétrograder) les mauvais employés. 

Plus facile à dire qu’à faire dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre ? Peut-être, mais cette situation finira bien par revenir à la normale un jour. 

On dirait que dans le public, il n’y a jamais de conséquences. Ou alors seulement lorsqu’il y a des méga bavures hyper médiatisées, comme ce qui est arrivé à Joyce Echaquan à l’hôpital de Joliette. 

L’incompétence quotidienne n’est presque jamais punie.

« Tu as commis une faute majeure ? Il y aura des conséquences ! »

Il faudrait que le message soit clair. Tant dans le privé qu’au public.

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