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L'article provient de Le Journal de Montréal
Société

L’esprit de Noël s’empare des campeurs

Annulé l’an dernier, le traditionnel événement revient en force au Domaine de Rouville, en Montérégie

Je n’ai pas pu rencontrer le père Noël du Domaine de Rouville pendant ma visite, mais il m’a fait parvenir cette photo un peu plus tard.
Je n’ai pas pu rencontrer le père Noël du Domaine de Rouville pendant ma visite, mais il m’a fait parvenir cette photo un peu plus tard. Photo courtoisie, Stéphane Plouffe
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Photo portrait de Louis-Philippe  Messier

Louis-Philippe Messier

2021-07-24T05:00:00Z
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À l’intérieur de Montréal, le journaliste Louis-Philippe Messier se déplace surtout à la course, son bureau dans son sac à dos, à l’affût de sujets et de gens fascinants. Il parle à tout le monde et s’intéresse à tous les milieux dans cette chronique urbaine.


Dans un océan de roulottes d’un camping de la Montérégie, au volant d’une voiturette de golf, je cherche le père Noël à quelques jours du Noël des campeurs.

Situé à Saint-Jean-Baptiste, le camping Domaine de Rouville et ses 2000 terrains tiennent davantage de l’agglomération urbaine que du village. Je m’y suis d’ailleurs vite égaré.

Comme le roi mage va vers l’Étoile, je m’oriente vers un énorme automate gonflable de traîneau portant pingouins et bonhomme de neige, juché sur une roulotte.

Près de là, je croise la mère Noël. Le père Noël est retenu au travail à une heure d’ici, m’explique-t-elle. Déception.

« Moi, j’t’un gars qui aime rire », m’explique au téléphone le père Noël dont je vais taire l’identité.

Je constate rapidement qu’il présente le parfait profil psychosocial pour son rôle. 

« Moi, j’ai pas besoin de prendre 12 bières pour être drôle ! Tu m’amènes dans un party, pis c’est sûr que ça lève ! » continue-t-il.

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Pour incarner le ventripotent Saint-Nicolas, ce propriétaire de gymnase à Saint-Jean-sur-Richelieu recouvre son relief abdominal impeccable d’un oreiller.

« J’active la fonction écho de mon micro à karaoké, alors quand je fais Ho ho ho ! Joyeux Noël !, ça sonne bien, c’est écœurant ! »

Sa parade de chars allégoriques commencera à 16 h aujourd’hui. 

Au détour d’un chemin, j’ai une vision saisissante : la Jackie Kennedy du Domaine de Rouville. Gaëtane Sylvain manœuvre une antique voiturette Harley-Davidson. Elle m’invite à serrer la pince de son conjoint, Florent Comtois, un peintre surnommé le Don Quichotte de l’aquarelle.

Atocas et bon vin

Gaëtane Sylvain et Florent Comtois me montrent leurs bouteilles réservées pour Noël. Ils ont nommé leur bucolique lopin en l’honneur de leur chienne Rosie.
Gaëtane Sylvain et Florent Comtois me montrent leurs bouteilles réservées pour Noël. Ils ont nommé leur bucolique lopin en l’honneur de leur chienne Rosie. Photo Louis-Philippe Messier

Chez les Sylvain-Comtois, je me trouve clairement dans le « Outremont » du Domaine, un cul-de-sac ombragé au bord d’un étang flanqué de saules pleureurs.

« Nous mangerons la traditionnelle dinde avec atocas chez des amis », dit Mme Sylvain.

« Florent apportera le vin, parce que nous ne buvons que du très bon vin. » 

M. Comtois me raconte quelques-uns de ses entretiens avec Pierre Péladeau à Sainte-Adèle, puis je file vers les quartiers plus « prolétaires » à la recherche de familles. 

La vitesse est limitée à 10 km sur les routes du camping. Une pancarte « Attention à nos petits vieux » me fait sourire. 

Je suis trop content de conduire une voiturette, alors des gens me trouvent bizarre. Au lieu de retourner mon sourire, certains froncent les sourcils. Le seul accident que j’ai failli avoir, c’est avec une marmotte obèse. Effrayée par un chien, elle s’est pratiquement jetée sous mes roues.

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Je croise une voiturette endimanchée comme un sapin de Noël. 

« J’ai enguirlandé ma voiturette avec ma femme et mes enfants », m’explique Fernando Arias, originaire de République dominicaine et saisonnier ici depuis cinq ans.

« Pour les enfants, j’ai de pleines boîtes de toutous que j’ai gagnés en jouant à la machine à toutous à côté de la table de billard », me raconte Sylvie Sévigny, ici depuis 36 ans.

Pas de cadeaux cette année

Entouré d’une joyeuse marmaille, Fernando Arias pilote une voiturette décorée.
Entouré d’une joyeuse marmaille, Fernando Arias pilote une voiturette décorée. Photo Louis-Philippe Messier

Il n’y aura pas de distribution de cadeaux cette année pour éviter les contacts, alors la cagnotte de peluche de Mme Sévigny sera offerte l’an prochain.

« J’espère que Noël va ranimer le camping, la COVID nous a fait mal », dit Monique Lavoie, ici depuis 27 ans, en train de décorer son terrain avec ses petits-enfants.

Les Olaf gonflables et les nabots de la Pat’Patrouille coiffés de bonnets rouges à pompon blanc auront déjà disparu samedi prochain puisque ce sera alors... l’Halloween du campeur !

Après des heures de bonne humeur au Domaine, je suis tristounet de rentrer à Montréal dans mon sempiternel Hochelaga. Je termine donc cette chronique par un retentissant Joyeux Noël, chers campeurs !

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