Les voix terrifiantes de Donato Carrisi


Karine Vilder
Dans ce tout nouveau thriller psychologique, l’écrivain italien Donato Carrisi nous entraîne dans un monde à part : les méandres du cerveau et de la mémoire.
Même si on a tous très hâte de pouvoir lire le prochain opus de la saga Mila Vasquez, entamée en 2010 avec le best-seller Le chuchoteur, il va encore falloir faire preuve de patience : La maison des voix, le tout nouveau Donato Carrisi, n’a rien à voir avec cette série. On va même jusqu’à dire qu’il est complètement différent de ce que l’auteur a, dans l’ensemble, coutume d’écrire.
« J’ai longtemps voulu écrire un thriller dans lequel il n’y aurait ni sang, ni meurtres, ni victimes, ni monstres... mais qui serait malgré tout très effrayant, précise Donato Carrisi, qui vit maintenant entre Rome et Milan. Pendant des années, je me suis donc demandé s’il était possible de construire un suspense sans avoir recours à ces éléments. »
Et vous savez quoi ? La réponse est oui. Car de nombreux lecteurs ont affirmé à Donato Carrisi que La maison des voix était son roman le plus terrifiant.
L’endormeur d’enfants
La manière dont les grandes lignes de l’histoire se sont imposées à lui pourrait d’ailleurs donner la chair de poule à n’importe qui. « À un certain moment, lors d’un souper chez des amis, tout le monde s’est tourné silencieusement vers l’une des convives, se rappelle Donato Carrisi. Elle était en train de raconter un épisode survenu durant son enfance : la nuit où sa grand-mère est morte, elle s’est réveillée parce qu’elle avait l’impression que quelqu’un s’était assis sur son lit en chuchotant son nom. Après ça, les autres convives se sont eux aussi mis à décrire des épisodes similaires, qui avaient également tous eu lieu durant leur enfance. J’ai donc pensé qu’il y avait un héritage commun à chacun de nous et qu’il serait intéressant de l’explorer... »
Pour ce faire, Donato Carrisi a commencé par créer le personnage de Pietro Gerber. Qui est psychologue pour enfants et spécialiste de l’hypnose. À Florence, lorsqu’un jeune vit des choses innommables ou difficiles à verbaliser, c’est donc vers lui que les services publics se tournent presque toujours, parce qu’il fait vraiment partie des plus doués de sa profession.
Dans les méandres de l’esprit
De ce fait, Pietro ne sera pas trop étonné de recevoir l’appel d’une collègue australienne soucieuse de lui soumettre un nouveau cas. Perturbée par une enfance tourmentée, l’une de ses patientes gagnerait en effet à poursuivre en sol italien sa thérapie par l’hypnose. Seul petit problème, Hanna, la patiente en question, n’a plus rien d’une gamine depuis longtemps. Mais il est clair qu’elle a besoin d’aide : à l’en croire, elle aurait peut-être été témoin d’un meurtre à l’âge de 10 ans.
« Ce roman est une histoire d’enfants, de fantômes et de maladies mentales, poursuit Donato Carrisi. Je pense qu’enfant, on a encore un lien avec les ténèbres dont nous venons tous et auxquelles nous sommes tous destinés à la fin de notre vie. C’est comme un cordon ombilical avec l’inconnu et, avant qu’il ne tombe, il permet de voir et de savoir des choses que les adultes ont oubliées depuis longtemps. »
En effectuant ses recherches, Donato Carrisi a rencontré un véritable « endormeur d’enfants », un psychologue qui, grâce à la thérapie, parvient à entrer dans le labyrinthe de leur esprit. « J’ai déjà eu une séance d’hypnose et j’étais très sceptique, souligne-t-il. Le psychologue qui m’hypnotisait me parlait et j’avais les yeux fermés, mais je me sentais parfaitement alerte : je pensais que l’hypnose était un mensonge et j’avais hâte que cette torture prenne fin. La séance a commencé vers trois heures par un bel après-midi de printemps, et quand le psychologue m’a finalement dit de rouvrir les yeux, je croyais qu’il ne s’était écoulé qu’une demi-heure... mais il faisait déjà noir dehors. Sans m’en rendre compte, j’avais été dans un autre endroit pendant près de quatre heures ! »
Pour Pietro, ce sera finalement un peu pareil. Toute nouvelle séance d’hypnose avec Hanna l’amènera chaque fois dans un autre endroit et parfois, ce sera carrément aux confins de la folie. Car telles les poupées russes, Hanna est une femme qui cache tout au fond d’elle bien des choses...
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Donato Carrisi, aux Éditions Calmann-Lévy, 304 pages](/_next/image?url=https%3A%2F%2Fm1.quebecormedia.com%2Femp%2Femp%2F63433369_3392948cf59f9a-4472-42bb-a3ea-6da7ed34c5a4_ORIGINAL.jpg&w=3840&q=75)