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L'article provient de Le Journal de Montréal
Société

Les trumpistes de Québec et d’Ottawa

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Photo portrait de Loïc Tassé

Loïc Tassé

2022-02-07T10:00:00Z
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Donald Trump et ses troupes trumpistes sont entrés au Canada. Pour la première fois, ces trumpistes osent une action commune, d’abord à Ottawa, puis à Québec.

Qui sont ces trumpistes ? En avoir assez des mesures sanitaires contre la COVID-19 ne suffit pas à devenir trumpiste. À ce compte, presque 100 % de la population serait trumpiste.

Les trumpistes sont ceux qui croient que les gouvernements, les médias et les élites de toutes sortes masquent la vérité et manipulent la population. Ils croient aussi que leurs positions libertariennes minoritaires sont majoritaires.

Sur cette base, ils s’estiment justifiés de mener des révolutions violentes pour faire triompher leurs idées.

Aussi quelques centaines de personnes assiègent-elles Ottawa avec la prétention de renverser les décisions de politiques sanitaires d’un gouvernement légitimement élu.

La même pseudo-logique anime les contestataires qui se sont massés à Québec.

Trump a d’ailleurs reconnu la paternité de ces mouvements en qualifiant Justin Trudeau de « fou d’extrême gauche ». Trudeau a bien des défauts, mais il n’est ni fou ni d’extrême gauche.

Le trumpisme d’ici agglomère autour de lui les mêmes groupes qu’aux États-Unis : des fondamentalistes religieux, des laissés-pour-compte et, surtout, des gens qui ne comprennent pas grand-chose à la politique, mais qui sont prompts à croire toutes les théories farfelues de type QAnon.

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Le trumpisme attire aussi des adversaires du wokisme qui ne trouvent pas d’appui dans les partis traditionnels.

Comme aux États-Unis, ces trumpistes sont un danger pour la démocratie parce qu’ils refusent d’en jouer le jeu. Ils refusent de perdre des élections ou de reconnaître que leurs positions sont minoritaires. 

  • Écoutez l’entrevue de Benoit Dutrizac avec Loïc Tassé sur QUB radio :  

Menaces et limites

Au Canada, ils menacent de prendre le contrôle du Parti conservateur du Canada.

Cependant, contrairement aux États-Unis, les trumpistes ont pour le moment peu de chances de prendre le pouvoir.

Ici, des plafonds de dépenses électorales limitent le pouvoir de l’argent sur les élus. Les circonscriptions électorales ne sont pas découpées arbitrairement pour favoriser un parti. La Cour suprême canadienne n’est pas aussi politique qu’aux États-Unis.

Enfin, les fondamentalistes religieux n’occupent pas la place immense qu’ils détiennent aux États-Unis.

Malgré tout, une partie de plus en plus importante de la population se sent étrangère aux élus. Un des problèmes est que ceux-ci exercent trop peu de pouvoir.

Ottawa comparée à Québec

Le plus bel exemple de cette faiblesse des dirigeants tient dans la différence de traitement des manifestants entre ceux d’Ottawa et ceux de Québec.

À Ottawa, une minorité de quelques centaines de manifestants empoisonne la vie de centaines de milliers de personnes. Les autorités refusent de protéger la majorité contre les méfaits d’une petite minorité. À Québec, au contraire, les autorités ont demandé à la police de sévir contre les méfaits.

On peut déjà comparer les résultats des deux approches.

Le trumpisme se nourrit de la faiblesse des réactions à l’intimidation.

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