Les trois hommes accusés d'avoir facilité une activité terroriste souhaitent être libérés
L'enquête sur remise en liberté de Marc-Aurèle Chabot, Raphaël Lagacé et Simon Angers-Audet est toutefois visée par une ordonnance de non-publication

Pierre-Paul Biron
L’enquête sur remise en liberté des trois individus associés aux forces armées et accusés d’avoir facilité une activité terroriste s’est ouverte jeudi à Québec avec une présentation d’une partie de l’imposante preuve de la couronne fédérale.
Les trois prévenus étaient présents physiquement au palais de justice pour la première fois depuis leur mise en accusation.
Menottés et côte à côte dans le box des accusés, Marc-Aurèle Chabot, Simon Angers-Audet et Raphaël Lagacé ont écouté attentivement au fil de la journée, majoritairement impassibles. Le premier était le plus réactif des trois, esquissant un sourire ou réagissant à certains éléments de preuve présentés par le ministère public.

L’ensemble des éléments que les autorités attribuent à Chabot, Angers-Audet et Lagacé est toutefois visé par une ordonnance de non-publication prononcée par le tribunal.

Débat sur la non-publication
Fait à noter, l’ordonnance avait initialement été demandée par le ministère public, alors qu’elle l’est généralement par les avocats de la défense. L’un des procureurs de la Couronne fédérale au dossier, Me Gabriel Lapierre, a justifié cette position par une obligation de «protéger le droit des accusés, et du poursuivant, à un procès impartial».
«Ce serait beaucoup plus difficile de trouver des jurés qui ne seraient pas au courant du dossier puisqu’ils auraient lu la preuve présentée dans les médias», a plaidé le procureur.
Devant la contestation d’un regroupement de médias et un débat à tenir sur la question, les trois avocats de défense au dossier, qui avaient initialement indiqué ne pas vouloir l’ordonnance, l’ont finalement demandé en bloc.
Il faut savoir que cette disposition du code est obligatoire lorsque demandée par les défendeurs, ce qui a clos le débat.
Plusieurs chefs d’accusation
Rappelons que Lagacé, 25 ans, ainsi que Chabot et Angers-Audet, tous deux âgés de 24 ans, sont visés par un chef d’accusation d’avoir facilité une activité terroriste entre juin 2021 et janvier 2024.

Ils font aussi face à de nombreux chefs en lien avec la possession d’armes à feu et d’équipement tactique militaire, notamment des lunettes de vision nocturne ou des visées laser. Le premier était un entraîneur de tirs des cadets, tandis que Chabot était membre actif des Forces armées. Quant à Angers-Audet, il a agi par le passé comme soldat réserviste, mais n’était plus membre des forces à son arrestation.
Matthew Forbes, 33 ans, caporal au sein des Forces armées canadiennes, a lui aussi été arrêté. Il n’est toutefois visé que par des chefs en lien avec les armes à feu et non par celui de terrorisme. Il a été libéré sous conditions la semaine dernière, lui qui doit notamment porter un bracelet GPS en tout temps.

Les faits qui sont reprochés aux individus se seraient notamment déroulés selon l’acte d’accusation à Québec et Montréal, puis à Petawawa et Rolphton en Ontario.
Dans un communiqué de presse publié par la GRC lors de l’arrestation des suspects le 8 juillet dernier, les autorités soutenaient que le groupe aurait eu la volonté de mettre sur pied une milice antigouvernementale. Une perquisition en lien avec cette affaire menée en janvier 2024 avait permis la saisie de nombreuses armes à feu, de munitions, de chargeurs et d’autres dispositifs tactiques.
La police fédérale qualifiait dans ses communications les activités présumées des suspects «d’extrémisme violent à caractère idéologique».
L’enquête sur remise en liberté doit se poursuivre vendredi.
Le juge René de la Sablonnière devra ensuite trancher la preuve et les arguments entendus pour déterminer si les prévenus pourront retrouver leur liberté. Dans le cas contraire, leur détention serait ordonnée jusqu’à la fin des procédures judiciaires.