Les trois actrices de «Sorcières» se confient avec amertume sur la finale abrupte de la série»
Marie-Claude Doyle
Co-idéatrices de Sorcières, les comédiennes Céline Bonnier, Marie-Joanne Boucher et Noémie O’Farrell campaient également les trois soeurs de la saga, Joe, Beth et Agnès. Pour elles, le deuil est bien présent.
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Sorcières était votre idée originale. Comment vivez-vous le deuil de la série?
Marie-Joanne Boucher: C’est triste et subit. On n’a pas le contrôle de cette décision-là, mais c’est aussi ça, notre métier: il y a des choses qu’on ne contrôle pas. On avait prévu une autre saison, mais il y a beaucoup d’affaires qui se sont closes dans le dernier épisode.
Céline Bonnier: Ce n’est pas la première ni la seule finale qui se termine de façon abrupte, mais ça ne devrait pas se faire ainsi, par respect pour le public, pour ce qu’il investit comme temps aux personnages. Ce n’est pas vrai qu’on présente des choses qui ne touchent pas les gens au point où ils n’ont pas besoin d’une vraie finale. Je trouve qu’on a tous su trop tard qu’il n’y avait pas moyen d’avoir 6, 8 ou 10 épisodes pour finir l’idée qu’on avait quand on a rêvé à cette série-là. Je trouve ça triste. Il y a plein de monde qui se retrouve sans job. Ce n’est pas la finale qu’on voulait, mais c’était tout de même un bel épisode.
Noémie O’Farrell: C’est plein de sentiments mélangés, comme un deuil. Il y a des jours où on est plus résilients, d’autres où on pense à toutes ces personnes qui sont sans emploi. Il y a aussi le fait que l’annonce a été faite à la dernière minute, ce qui a été surprenant et décevant. Dans ce qu’on a tourné, il y avait de belles scènes à jouer et de belles performances; j’espère que les gens vont pouvoir en témoigner.
Qu’auriez-vous aimé montrer à l’écran dans la saison 3?
Marie-Joanne: C’est difficile d’en parler, parce que si on veut la réaliser, ce serait plate de vendre le punch. Mais on a échangé beaucoup d’idées avec les auteurs et j’essayais de rester positive. On n’amène pas une actrice comme Louise Portal dans un show pour seulement quatre épisodes. Il y aurait eu un développement à faire avec son personnage. On laisse le public imaginer ce que ça aurait pu être... Peutêtre qu’on va trouver une autre plateforme pour nous accueillir. Chose certaine, beaucoup de gens de tous les âges écoutaient Sorcières et c’étaient de fidèles téléspectateurs. C’est impressionnant de voir qu’il y avait 800 000 personnes par semaine qui nous accordaient une heure de leur vie. C’est 50 heures de télé qu’on leur a offertes.
Comment avez-vous vécu vos retrouvailles d’équipe pour visionner la finale ensemble?
Céline: C’était bon de se voir, parce que ce show-là, ça a créé une famille.
Noémie: Je trouvais ça cool de pouvoir se rassembler pour un deuxième wrap party, mais ça m’a aussi rendue triste.
Marie-Joanne: Toute l’équipe était là. C’était impressionnant de voir autant de monde maintenant sans emploi. On pensait tous qu’il y aurait une autre année. On ne pouvait pas croire que ça allait se terminer ainsi. C’était un genre de deuil. C’est drôle parce qu’il y a beaucoup de gens qui étaient habillés en noir. Sincèrement, Sorcières, c’était une famille. C’est rare que j’aie vécu des plateaux aussi soudés, de la régie jusqu’à la réalisation. C’était le fun de se voir, mais en même temps, c’était triste.
Une pétition, qui a récolté à ce jour plus de 4900 signatures, a été lancée pour sauver Sorcières. Qu’est-ce que ça vous fait de savoir ça?
Marie-Joanne: C’est touchant!
Noémie: Ça montre qu’on rentre dans la vie des gens et qu’à un certain moment, ces histoires-là font partie de leur vie.
En terminant, quels sont vos projets respectifs?
Céline: Je vais faire du théâtre en octobre à l’Espace Go. C’est un texte tiré d’un roman de la Canadienne Anne Carson.
Noémie: Pour moi aussi, c’est beaucoup le théâtre qui va m’occuper pour la prochaine année.
Marie-Joanne: Moi aussi, le théâtre va m’occuper. Je fais une recherche sur les textes de Marie Cardinal en compagnie de Jules Ronfard, qui est son petit-fils, et de François Bernier, qui est metteur en scène. On a eu une bourse pour travailler sur ce projet. J’en ai un autre avec le Théâtre Petit à Petit. En développant Sorcières, j’ai découvert que j’aimais beaucoup développer des projets. J’en ai un en développement à la télé. Je travaille fort dessus, parce que j’ai découvert que j’aimais ça presque autant que de jouer.