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L'article provient de Le Journal de Montréal
Affaires

Les taxes à l’épicerie sont «immorales»

Le gouvernement devrait considérer la possibilité d’abolir les taxes sur les aliments au détail, plaide un expert en alimentation

Photo d’archives
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Gabriel Côté

2024-10-02T23:00:00Z
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Québec devrait considérer la possibilité d’abolir les taxes sur les aliments à l’épicerie, selon un expert qui estime que ces taxes sont tout simplement «immorales».

«On devrait revoir la moralité de taxer la nourriture au détail, point final. Je ne comprends pas pourquoi on taxe la nourriture», lance l’expert en alimentation Sylvain Charlebois, en entrevue.

«On pense toujours qu’il y a des taxes sur les collations et la malbouffe, mais ce n’est pas tout à fait ça. Il y a des produits qui ne sont pas taxables qui le deviennent. Il y a des produits qui sont santé qui sont taxés. On pénalise les familles en conséquence. Je pense qu’on devrait avoir un débat sur la taxation des produits à l’épicerie, le plus tôt possible», ajoute-t-il.

PHOTO COURTOISIE
PHOTO COURTOISIE

Compliqué

Pour M. Charlebois, le problème est que ces taxes sont souvent «insidieuses» et «cachées», ce que le projet de loi 72, étudié mercredi à l’Assemblée nationale, entend corriger, du moins en partie, en obligeant les commerçants à indiquer clairement quels produits sont taxés sur les tablettes.

L’association des détaillants en alimentation du Québec (ADA) estime pour sa part que les changements proposés par Québec quant à l’affichage des prix à l’épicerie sont trop difficiles à appliquer.

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«Un détaillant en alimentation moyen possède plus de 20 000 produits en inventaire. Cela signifie que chaque changement en matière d’étiquetage, qui peut sembler anecdotique à première vue, demande un grand nombre d’interventions de la part des employés», peut-on lire dans le mémoire déposé par l’ADA.

On voit aisément comment la proposition de M. Charlebois viendrait simplifier les choses de ce côté: si les aliments au détail n’étaient pas taxés, il ne serait pas nécessaire d’imprimer des étiquettes pour distinguer les produits.

Immoral

Le professeur de l’Université Dalhousie estime par ailleurs que le problème des taxes à l’épicerie gagne en importance à mesure que le temps passe.

«Il y a de plus en plus de ménage à une seule personne, et comme les personnes seules mangent moins, les petits formats seront de plus en plus populaires», explique-t-il.

Or, c’est précisément ces produits qui sont de plus en plus taxés. «Il n’y a pas de taxes sur une boîte de quatre muffins, mais deux muffins, c’est taxé», rappelle M. Charlebois, qui déplore un «manque de transparence flagrant» de la part des épiciers à ce sujet.

De fait, il faut souvent examiner notre coupon-caisse pour découvrir quels produits ont été taxés. Et l’information y figure sous forme de code à côté des articles, ce qui nécessite en plus un effort d’interprétation de la part des consommateurs.

L’expert convient toutefois que les taxes pourraient continuer d’être appliquées sur certains produits préparés à l’épicerie, pour éviter de faire une concurrence déloyale aux restaurateurs.

«Mais dans plusieurs cas, c’est immoral de taxer l’alimentation», conclut-il.

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