Les tarifs forceraient les Américains à acheter du pétrole vénézuélien, signale Mélanie Joly

Gabriel Côté
Les États-Unis seraient forcés d’acheter du pétrole à des pays rivaux comme le Venezuela, si les échanges commerciaux avec le Canada étaient perturbés par l’imposition de tarifs, a signalé la ministre des Affaires étrangères Mélanie Joly.
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«Nous expédions du pétrole à bas prix qui est, en fin de compte, raffiné au Texas. Si ce n’est pas nous, c’est le Venezuela», a déclaré Mme Joly dans un entretien au Financial Times. «Il n’y a pas d’autres options, et cette administration ne veut pas travailler avec le Venezuela».
Pour mémoire, le président américain Donald Trump avait imposé d’importantes sanctions à Caracas lors de son premier passage à la Maison-Blanche.
M. Trump a d’ailleurs évoqué la possibilité de ne pas inclure le pétrole canadien dans les produits visés par les tarifs douaniers de 25% qu’il compte imposer au Canada et au Mexique à partir du 1er février, signe de la dépendance des Américains à nos réserves de pétrole.
De fait, le Canada est responsable d’environ 20% du pétrole consommé aux États-Unis, et cela malgré la montée en flèche de la production de pétrole de schiste dans des États comme le Texas.
Mme Joly est à Washington cette semaine pour tenter d’éviter une guerre commerciale avec les États-Unis. Elle aurait profité de cette occasion pour mettre en garde le secrétaire d’État Marco Rubio et d’autres représentants du gouvernement américain, à savoir que l’imposition de tarifs affecterait négativement de «vraies personnes», rapporte le Financial Times.
«On ne veut pas ça», a-t-il confié au quotidien britannique.
Pas suffisant
Exclure le pétrole brut des tarifs douaniers pourrait ne pas être suffisant pour protéger les consommateurs américains contre des hausses de prix, a également signalé le cabinet de fiscalité Blick Rothenberg, dans un communiqué de presse publié vendredi matin.
«Le premier ministre canadien Justin Trudeau [...] a clairement indiqué qu’il réagirait aux tarifs douaniers du président américain Donald Trump en frappant les importations américaines vers le Canada avec des tarifs», a affirmé la responsable du cabinet au Canada, Melissa Thomas, soulignant que cela se traduirait par des hausses de prix aux États-Unis également.
Pas sûr
Par ailleurs, l’imposition de tarifs de 25% sur l’ensemble des produits canadiens n’est peut-être pas aussi certaine que ne le laisse croire M. Trump.
De proches conseillers du président seraient en effet à l’œuvre pour tenter d’éviter l’imposition totale de ces sanctions au Canada et au Mexique, selon des informations du Wall Street Journal.
L’administration Trump songerait à imposer des mesures plus ciblées. Le secteur de l’acier pourrait être l’une des cibles du président américain.
Une annonce à cet effet pourrait avoir lieu samedi. Les tarifs ne seraient toutefois peut-être pas en vigueur immédiatement. Une période de grâce pourrait être mise en place pendant la poursuite des négociations avec le Canada et le Mexique.