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L'article provient de Le Journal de Montréal
Monde

Les tarifs douaniers vont affaiblir l'économie mondiale, déclare le FMI

MEGA/WENN
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AFP

2025-04-22T13:10:33Z
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Les droits de douane voulus par le président américain Donald Trump et les mesures de représailles prises par les autres pays devraient fortement peser sur l'économie mondiale cette année, estime mardi le Fonds monétaire international (FMI).

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L'institution basée à Washington se montre prudente, parlant dans un rapport de «prévision de référence» au lieu de son habituelle «référence de base», du fait de la «complexité et de la fluidité de l'instant présent».

Symbole de la difficulté de l'exercice, le FMI précise avoir pris en compte les évolutions de droits de douane jusqu'au 4 avril et pas nécessairement l'ensemble des mesures de représailles entre Pékin et Washington.

Le FMI s'attend à ce que la croissance mondiale atteigne 2,8% cette année, une valeur révisée à la baisse de 0,5 point de pourcentage (PP) par rapport à sa précédente estimation, en janvier.

«Nous entrons dans une période où le système économique mondial que nous connaissons depuis 80 ans est réinitialisé (...). Au-delà des droits de douane, l'augmentation de l'incertitude politique autour des échanges commerciaux a un impact majeur sur les perspectives économiques», observe devant la presse le chef économiste du FMI, Pierre-Olivier Gourinchas.

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Signe de l'impact majeur des surtaxes sur le commerce mondial, le Fonds n'anticipe plus qu'une croissance de 1,7% du rythme des échanges de biens et services cette année, alors qu'il prévoyait encore +3,2% il y a tout juste trois mois.

Et si, dans l'immédiat, l'économie mondiale devrait «éviter la récession», l'impact des droits de douane se fait sentir «négativement pour toutes les régions, cette année et la prochaine», selon M. Gourinchas.

Le risque d'une récession a néanmoins fortement augmenté, tant pour l'économie mondiale que pour les États-Unis plus particulièrement.

D'une manière générale, «les droits de douane vont agir comme un choc d'offre aux États-Unis, avec une baisse de la productivité et de la production et une hausse des prix; et un choc de demande ailleurs, en pesant sur la production et en tirant les prix à la baisse».

Impact variable

Pour l'Amérique du Nord, le FMI anticipe une forte révision à la baisse des perspectives des trois économies, comparé aux prévisions de janvier.

L'institution prévoit en effet que l'économie des États-Unis progresse de 1,8% cette année, ce qui représente une baisse de 0,9PP par rapport à sa précédente estimation, quand le Canada pourrait s'attendre à une croissance de 1,4% (-0,6PP).

Le Mexique, dont l'économie dépend fortement des exportations vers son voisin américain, pourrait même se retrouver en récession, avec une contraction de 0,3% (-1,7PP).

Particulièrement ciblée par les droits de douane, en particulier depuis leur passage à 145%, en plus des taxes existantes avant le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche, la Chine pourrait connaître sa croissance la plus faible depuis 1990, avec tout juste 4%. Il s'agit là encore d'une forte révision à la baisse.

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Le Japon, autre partenaire majeur des États-Unis, voit sa prévision rabotée de 0,5PP, pour atteindre péniblement 0,6% de croissance cette année, alors que l'archipel espérait une reprise plus marquée en début d'année.

Le choc devrait en revanche être moins marqué pour la zone euro, avec une révision en moyenne de 0,3PP à la baisse, qui amènerait l'Allemagne à connaître une nouvelle année sans croissance, avant une reprise désormais repoussée à 2026.

Quant à la France, la croissance y est désormais attendue à 0,6% cette année, une prévision plus faible que celles de la Banque de France ou du gouvernement (0,7%).

«Les droits de douane vont affaiblir une reprise économique modeste dans la zone euro, malgré une hausse des dépenses publiques dans certains pays comme l'Allemagne», souligne M. Gourinchas, ajoutant que «plus de dépenses d'infrastructures pourraient aider à accélérer la croissance».

Seule exception, l'Espagne, qui a connu la meilleure croissance de la zone ces deux dernières années, voit sa prévision revue à la hausse, avec désormais 2,5% attendu, la plus élevée parmi les économies avancées.

Autre conséquence des droits de douane: l'inflation dans les économies avancées devrait atteindre 2,5% cette année, là encore revue à la hausse, principalement du fait des États-Unis, où l'inflation pourrait rester autour de 3%.

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