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L'article provient de Le Journal de Montréal
Affaires

Les tarifs de Trump de retour devant les tribunaux moins de 24 heures avant leur entrée en vigueur

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AFP

2025-07-31T16:56:05Z
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L’ambition de Donald Trump d’imposer un nouvel ordre mondial en matière commerciale est confrontée à un test crucial jeudi, avec l’entrée en vigueur à minuit de ses droits de douane, plusieurs économies majeures n’ayant toujours pas conclu d’accord avec les États-Unis.

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Coïncidence du calendrier, une cour d’appel doit se pencher jeudi sur la légalité de ces droits de douane que le président américain utilise comme moyen de pression pour obtenir des accords commerciaux favorables à son pays.

Ces droits de douane rendent «les États-Unis GRANDS et RICHES à nouveau», s’est réjoui dans la nuit le républicain sur sa plateforme Truth Social. Sans ces droits de douane, les États-Unis «n’ont aucune chance de pouvoir survivre ou connaître le succès», a-t-il affirmé.

Jusqu’ici, Washington a annoncé des accords avec le Royaume-Uni, l’Union européenne, les Philippines, l’Indonésie, le Vietnam, le Japon et la Corée du Sud.

Alliée clé de Washington, la Corée du Sud a obtenu cet accord in extremis dans la nuit. Ses produits entrant aux États-Unis seront taxés au même niveau que le Japon ou l’Union européenne (UE), à 15%, soit nettement moins que les 25% annoncés depuis début avril.

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Jeudi, le secrétaire américain au Commerce, Howard Lutnick, a assuré que des accords avaient été trouvés avec le Cambodge et la Thaïlande, sans donner de précision. Taïwan a affirmé dans la nuit avoir atteint «un certain consensus» avec les États-Unis, là encore sans détails.

Les accords conclus sont le plus souvent des cadres de négociation aux détails assez vagues, devant ultérieurement déboucher sur des accords plus techniques.

Trump ferme avec certains

Jeudi, Donald Trump a aussi annoncé avoir prolongé de 90 jours les droits de douane actuellement imposés au Mexique, alors qu’il menaçait de les porter à 30%.

Cela revient à maintenir à 25% les droits de douane sur les produits entrant aux États-Unis en dehors de l’accord de libre-échange nord-américain (ACEUM) et des droits de douane spécifiques sur l’automobile, l’acier et l’aluminium.

L’administration Trump se montre particulièrement ferme avec certains pays. Donald Trump a ainsi signé mercredi un décret imposant 50% de surtaxes douanières aux produits brésiliens, à l’exception de certains produits.

Cette surtaxe fait office de représailles contre les poursuites visant l’ex-président Jair Bolsonaro, son allié d’extrême droite, accusé d’avoir tenté un coup d’État après sa défaite lors de l’élection de 2022.

L’Inde écopera elle de droits de douane de 25%, auxquels s’ajoutera une «pénalité», car le pays achète du pétrole russe.

Le Canada est aussi dans le viseur du républicain qui a affirmé jeudi dans Truth Social que l’intention affichée par Ottawa de reconnaître l’État de Palestine rendait «très difficile pour nous de conclure un accord commercial avec eux».

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Surtout, l’incertitude persiste sur un éventuel accord avec la Chine, deuxième économie mondiale. Après deux jours de négociations à Stockholm, les deux pays ont évoqué mardi des discussions «constructives».

Trump a-t-il outrepassé ses pouvoirs?

Mais ils doivent encore décider s’ils renouvellent une trêve de 90 jours sur les taxes douanières négociée en mai, qui avait permis de ramener les droits de douane sur les produits américains et chinois, respectivement à 10% et 30%, contre 125% et 145% auparavant.

Le président Trump a vanté les mérites des accords déjà conclus, destinés à gonfler les recettes tirées des taxes douanières, lesquelles sont déjà passées de 79 milliards de dollars sur l’ensemble de l’année 2024 à 87 milliards de dollars au cours des six premiers mois de 2025.

L’impact des droits de douane continue cependant d’inquiéter les économistes, qui les voient peser non seulement sur l’inflation, en hausse en juin à 2,6% selon l’indice PCE publié jeudi, mais également sur la croissance américaine.

De quoi inciter la Réserve fédérale (Fed) à la prudence, au grand dam de Donald Trump. Mercredi, la banque centrale américaine a maintenu ses taux inchangés et son patron, Jerome Powell, a semblé repousser encore la possibilité d’une future baisse.

L’appel examiné jeudi par la Cour d’appel de Washington doit permettre de déterminer si Donald Trump a outrepassé ses pouvoirs constitutionnels en imposant ces surtaxes.

En première instance, fin mai, un tribunal spécialisé avait suspendu ces surtaxes, estimant que cela avait bien été le cas. Mais elles avaient finalement été maintenues à la demande du gouvernement par une cour d’appel, le temps que le dossier soit examiné sur le fond.

La décision n’est pas attendue dans l’immédiat et la Maison-Blanche a d’ores et déjà affirmé qu’elle saisirait la Cour suprême si elle lui était défavorable.

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