Les sourciers peuvent-ils vraiment trouver de l’eau avec des baguettes? Une chercheuse québécoise s’est penchée sur la question


Mathieu-Robert Sauvé
Une chercheuse québécoise tente de faire la lumière sur le fameux don des sourciers, qui utilisent une méthode traditionnelle de recherche d’eau potable avec des baguettes.
Lucien d’Anjou, le grand-père de Manon Lévesque aujourd’hui âgé de 101 ans, trouvait des sources d’eau à l’aide de baguettes de noisetier en «Y» sur sa terre agricole de Saint-Gabriel-de-Kamouraska. Lorsque la branche penchait vers le sol en vibrant, c’est là qu’il fallait creuser le puits.

«Les sourciers étaient des gens importants dans le village; on les appelait "les plombiers"», raconte la psychoéducatrice de Trois-Rivières. Cette technique traditionnelle est pratiquée partout dans le monde et a pour nom «radiesthésie».
Sous la supervision de l’hydrogéologue Geneviève Bordeleau, chercheuse à l’Institut national de la recherche scientifique, elle a tenté de trouver des sources cachées dans une zone de recherche au site expérimental de l’INRS, à Sacré-Cœur.
Approche scientifique
«Nous avons testé jusqu’à maintenant 43 "sourciers" sur un site de recherche où nous avons caché dans le sol des tuyaux remplis d’eau, d’autres remplis de métal et d’autres encore complètement vides. Les participants devaient déposer des canetons jaunes là où ils croyaient avoir trouvé des sources», explique la chercheuse, qui a effectué une maîtrise en hydrogéologie et un doctorat sur la géochimie des contaminants. À l’aide de cartes, l’équipe de recherche a pu vérifier si les canetons étaient aux bons endroits.

Jusqu’à maintenant, les résultats ne démontrent pas que cette technique est plus efficace que le hasard quand on cherche de l’eau avec des baguettes, qu’elles soient de bois ou de métal. «Mais nous n’avons pas terminé notre travail de terrain. Nous aimerions recruter une quinzaine de sourciers d’expérience avant d’analyser les résultats de façon approfondie», explique la professeure Bordeleau, qui présentait ses résultats préliminaires au congrès de l’ACFAS, qui se tient à Montréal cette semaine.
Recherche citoyenne
Pour Mme Lévesque, cette recherche pourrait mettre en lumière une technique qui n’a jamais été confrontée à la méthode scientifique. Elle affirme qu’elle ne sera pas déçue si les conclusions donnent des résultats qui vont à l’encontre de la pensée populaire voulant que les sourciers soient capables de découvrir les sources d’eau potable sur des terrains inconnus.

Elle est d’ailleurs elle-même à l’origine de cette recherche puisqu’elle a répondu à un appel des Fonds de recherche du Québec visant à encourager les citoyens à envoyer des questions à la communauté scientifique. Mme Bordeleau, qui a relevé le défi, a demandé et obtenu une subvention de 45 000$ pour réaliser cette recherche.
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