Les snowbirds devraient mettre à jour leurs vaccins cet hiver, puisque la Floride envisage une mesure qui pourrait nuire à la santé des Québécois
Dirigée par Robert F. Kennedy Jr, la Santé publique américaine rejette la science

Zoé Arcand
Des experts encouragent les snowbirds à mettre à jour leurs vaccins avant de migrer vers la Floride cet hiver, puisque cet État républicain envisage une mesure qui pourrait nuire à la santé des Québécois.
Le chef des services de santé de la Floride, le Dr Joseph Ladapo, a récemment annoncé vouloir faire de cet État le premier à faire une croix sur les obligations vaccinales chez les enfants d’âge scolaire.

«Je ne suis pas inquiet, mais je ne suis pas surpris non plus», a réagi Bernard Gagné, qui s’installe en Floride de cinq à six mois par année depuis douze ans.
Le secrétaire de la Santé américain, Robert F. Kennedy Jr, «et ses acolytes imposent un peu ce qu’ils avaient promis», c’est-à-dire de mettre la hache dans la Santé publique telle qu’on la connaissait, illustre l’épidémiologiste et professeur à l’Université de Montréal Benoît Mâsse.

Le retour de maladies évitables
M. Gagné, qui admet ne pas être un admirateur du locataire de la Maison-Blanche, garde son calme. Cela n’empêchera pas l’homme de 67 ans de passer ses hivers dans le Sunshine State.

Sa conjointe et lui sont à jour dans leur vaccination, mais il déplore les conséquences que ces changements auront sur «les générations futures».
Car les taux de vaccination risquent de baisser et ainsi d’alimenter la propagation de maladies évitables, selon le Dr Mâsse.
«Ça va faire réapparaître la mortalité infantile que les vaccins avaient permis de prévenir», déplore Hélène Carabin, professeure à l’École de santé publique de l’Université de Montréal, qui souligne aussi qu’il est plus économique de vacciner une population.
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Les Québécois qui passeront la saison froide en Floride devront porter une attention particulière à la rubéole et à la coqueluche, notamment, qui nécessitent des doses de rappel. Ils seront exposés à un environnement où circuleront beaucoup plus de maladies, prévient le Dr Mâsse.

Des impacts ici
Si le cas de la Floride est si alarmant, c’est surtout «parce qu’on sait que le secrétaire de la Santé des États-Unis et sa bande se basent sur des études bidon», déplore-t-il.
Reculer sur l’obligation vaccinale, qui est bien ancrée aux États-Unis, risque de «diminuer la confiance de la population envers les vaccins [et] il est possible que ça alimente les mouvements d’opposition à la vaccination au Québec», craint Ève Dubé, anthropologue experte en vaccination de l’Université Laval.
Le Dr Mâsse s’inquiète du fait qu’en raison des changements anti-science dans la Santé publique américaine, on ne puisse plus se fier à ses informations ou suivre l’évolution des virus.
D’autant plus que ces derniers «ne s’arrêtent pas aux frontières», illustre Ève Dubé.

Pas obligatoire au Québec
Au Canada, seuls l’Ontario et le Nouveau-Brunswick imposent la vaccination obligatoire. La Belle Province opte pour une approche volontaire axée sur la sensibilisation.
Selon l’Institut national de santé publique du Québec, près de 99% des parents font vacciner leurs enfants. Malgré cela, les taux de vaccination sont en baisse dans l’ensemble du Canada, souligne le Dr Mâsse.
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