Publicité
L'article provient de Le Journal de Québec
Politique

Les services de garde éducatifs à l’enfance dans un piteux état au Québec

Il y a du plomb dans l’eau de 26% des CPE, note le Vérificateur général du Québec

Partager
Photo portrait de Nicolas Lachance

Nicolas Lachance

2024-05-23T14:06:17Z
Partager

Le ministère de la Famille échoue dans sa mission d’offrir des services de garde de qualité, sécuritaires et adéquats aux enfants du Québec. Quarante et un pour cent des installations n’ont pas obtenu la note de passage l’an dernier et vous ne saurez pas lesquelles avant 2028.

En 2018, le ministère a mis en place une mesure d’évaluation pour améliorer la qualité éducative de ses services dans les centres de la petite enfance (CPE) et les garderies subventionnées et non subventionnées.

Or, l’analyse réalisée par l’équipe de la vérificatrice générale (VG) Guylaine Leclerc dépeint un sombre portrait de la situation des services de garde québécois. «Le taux d’échec est en constante croissance», a affirmé la VG.

  • Écoutez l'entrevue avec Stéphanie Vachon, représentante des CPE à la Fédération de la santé et des services sociaux de la CSN au micro d’Alexandre Dubé via QUB :

Les constats sont dramatiques:

  • De 2018 à 2023, le taux d’échec des installations évaluées a doublé, passant de 20% à 41%. Il a atteint aujourd’hui 60 % pour les garderies subventionnées et non subventionnées;
  • De 2018 à 2023, «le déclin du ratio de personnel éducateur qualifié se poursuit», les installations qui ne l’atteignent pas sont passées de 32 % à 46 %;
  • Les interventions sont insuffisantes pour prévenir les manquements fréquents à l’égard de la santé et de la sécurité des enfants, notamment en matière de plomb dans l’eau.
Publicité

Ce rapport risque d’inquiéter plusieurs parents qui y confient leurs enfants chaque jour, surtout que le gouvernement ne rendra pas publiques ces évaluations avant 2028. Impossible donc de savoir quels sont les services éducatifs en piteux état.

«Ce qui est important, c’est la transparence», signale la VG. Le document rappelle que tout enfant a le droit de recevoir des services de garde éducatifs personnalisés de qualité.

Portrait inquiétant

Ainsi, selon les données recueillies par le Vérificateur général du Québec (VGQ), le portrait ne cesse de se dégrader depuis l’élection du gouvernement de la Coalition Avenir Québec et la mise en place de cette évaluation, même pour les CPE (voir tableau).

Malgré le constat, «le ministère est peu intervenu auprès des services de garde qui ont échoué à l’évaluation».

En fait, le vérificateur signale que le ministère ne met pas en place des mesures suffisantes pour assurer la qualité des services de garde éducatifs à l’enfance.

Pourtant, «le respect des exigences [...] peut contribuer à mieux détecter, voire prévenir, les difficultés liées au développement global des enfants, ce qui peut s’avérer déterminant pour la suite de leur parcours scolaire et de leur vie», signale le VGQ.

De plus, le manque d’éducatrices et d’éducateurs qualifiés est évident (voir tableau).

Publicité

Presque la moitié des installations n’atteignaient pas le ratio de deux éducatrices qualifiées sur trois.

«On demande à ce que ça devienne deux sur trois à partir d’avril 2027. Ce que nous avons constaté, c’est que ce ratio-là [...] est pratiquement impossible à atteindre avec le niveau qu’on a actuellement», signale Mme Leclerc. Plus de 85% des garderies non subventionnées sont menées majoritairement par des éducatrices non qualifiées.

Du plomb dans l’eau

Autre facteur inquiétant, pas moins de 16% des établissements ayant réalisé des tests ont révélé une concentration de plomb qui dépassait la norme. Par exemple, 90% des CPE ont été inspectés et 26% d’entre eux dépassaient la norme.

«Le plomb dans l’eau peut affecter, même avec un dépassement qui n’est pas si important, le développement des enfants, surtout quand c’est une exposition à long terme», a indiqué la vérificatrice adjointe, Caroline Rivard.

Près du quart de ces services de garde éducatifs n’ont pas subi de test, ajoute le rapport.

Dans une proportion de 75%, des produits toxiques et d’entretien sont également laissés à la portée des enfants. Des lacunes dans le traitement des 1100 plaintes ont aussi été observées. Celles-ci visaient, par exemple, la vérification d’absence d’empêchement, comme les antécédents judiciaires qui ne sont pas déclarés.

La ministre de la Famille Suzanne Roy affirme pourtant que les services sont sécuritaires. Pour le plomb, Québec a fourni des filtres aux établissements délinquants. Toutefois, la vérificatrice indique que le gouvernement ne s’est pas assuré que ces filtres ont été installés.

«On accompagne les services de garde. On va prendre le temps de bien analyser le rapport de la vérificatrice», a déclaré la ministre.

Les services de garde ont dû faire face à la pandémie de COVID-19 et à une pénurie de main-d’œuvre sans précédent, plaide le ministère.

Les oppositions ont affirmé qu’il s’agissait d’un rapport «accablant». Tant les solidaires que les péquistes accusent la CAQ d’avoir ralenti la création de places en CPE.

Vous avez un scoop à nous transmettre?

Vous avez des informations à nous communiquer à propos de cette histoire?

Écrivez-nous à l'adresse ou appelez-nous directement au 1 800-63SCOOP.

Publicité
Publicité