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L'article provient de 24 heures

Les seringues souillées ou pleines de GHB, la nouvelle menace qui plane sur les femmes

Photo d'archives et captures d'écran TikTok
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Photo portrait de Anne-Sophie Poiré

Anne-Sophie Poiré

2024-09-12T19:37:58Z
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BILLET | Ça ne suffit plus de surveiller son verre, d’éviter les ruelles noires le soir, d’être hypervigilante dans les transports en commun ou encore de suivre des cours d’autodéfense pour apprendre à échapper à son agresseur. Une nouvelle menace sournoise pèse sur les femmes: les agressions à la seringue souillée, pleine de GHB, de sédatif ou seulement enfoncée dans la chair avec l’intention malveillante de troubler celles qui osent sortir de la maison.

Vendredi, il est 20h30. Sous la sculpture d’Alexander Calder au parc Jean-Drapeau, à Montréal, je danse avec une bande d’amis sur le rythme d’une DJ allemande qui cache son identité derrière un masque de tête de cheval.

Ça fait déjà quelques heures que le festival Palomosa est commencé. Ce n’est pas mon premier spectacle de la journée. Mais c’est la première fois que je me retrouve dans une foule.

Une pensée intrusive me traverse tout à coup l’esprit: et si je me faisais piquer par une seringue remplie de GHB?

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Une agression au motif obscur

«Il peut tellement y avoir plus de conséquences que juste se faire droguer», rappelait dans une vidéo publiée sur TikTok la semaine dernière Maéva Vermette. La femme a été victime d’une telle agression au festival ÎleSoniq au mois d’août, qui se déroulait aussi au parc Jean-Drapeau.

Son témoignage résonne. Les images défilent. Je me vois déjà à l’hôpital, les prises de sang, les médicaments préventifs. Quelques mois plus tard, on m’annonce que j’ai contracté le VIH ou l’hépatite B. L’anxiété monte.

C’est la première fois que je ressens cette crainte. Bon. Une autre affaire dont il faut se méfier.

La charge mentale d’un verre exempt de drogue du viol n’était pas suffisante. Craindre de marcher seule le soir non plus.

Mais Maéva Vermette n’a pas été droguée à ÎleSoniq. Les prises de sang l’ont confirmé. Le mobile de l’agression est donc un peu plus nébuleux.

Elle saura dans quelques jours si l’aiguille était contaminée, comme la plupart des maladies ne sont détectables dans le sang qu’un mois après l’événement. En attendant, elle doit prendre trois pilules par jours par mesure préventive.

«Tous ceux qui vont dans les foules dans les festivals, ce n’est plus juste de surveiller son verre, mais vraiment d’être conscient de son corps. Si ce n’était pas de mon ami qui s’était déjà fait piquer dans un autre festival et qui a reconnu la sensation, comme je ne me suis pas fait droguer, je n’aurais pas réalisé», raconte-t-elle dans sa vidéo.

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@maeva_cv pour répondre à vos questions sur ce qui se passe après s’être fait piquer involontairement 💉 #sensibilisation #raiseawareness #festival #ilesoniq #santé ♬ son original - Maéva

Un phénomène en progression

On dit que le phénomène des «piqûres sauvages», qui consiste à agresser des personnes à leur insu avec des seringues en leur injectant ou non des substances comme le GHB lors d’événements festifs, est en progression au Québec.

Les premiers cas ont été signalés au Royaume-Uni et en Irlande en 2021. Depuis, des centaines de signalements pour ces agressions sont recensés ailleurs en Europe et dans le monde.

Déjà en 2022, plusieurs participants du Festi-Plage de Cap-d’Espoir, à Percé, alléguaient sur les réseaux sociaux avoir été la cible du «piqûre challenge». Au moins deux personnes avaient alors porté plainte aux autorités pour de possibles agressions sexuelles survenues en marge du festival.

Sans pouvoir donner un nombre précis, quelques cas de possibles agressions à la seringue ont été rapportés au Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) cet été, confirme la porte-parole Anik de Repentigny. Ces événements se seraient produits dans deux différents festivals.

L’an passé, un seul cas avait été rapporté au SPVM.

Aucune drogue ou autre substance n’aurait été transmise aux victimes lors de ces agressions.

Selon les commentaires reçus par Maéva Vermette, des événements similaires se seraient produits en Gaspésie l’an dernier, puis au Festival d’été de Québec (FEQ) et à Osheaga cette année. Et sous sa vidéo TikTok, d’autres utilisatrices affirment avoir aussi été victimes d’une piqûre sauvage récemment.

Maéva Vermette a raison. Il ne faut plus seulement surveiller son verre, mais il faut aussi être consciente de son corps.

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