Les résidences privées pour aînés sont-elles vouées à disparaître?

Maria Mourani
Ma chronique du 7 septembre dernier sur la Résidence Mont-Carmel a été une occasion pour plusieurs aînés logeant dans ces résidences privées de me faire part de leurs propres déboires : augmentation du loyer, coupures dans les repas et les services, atteinte aux droits, infestation de vermine, erreur dans les médicaments, sécurité des lieux inadéquate, manque de supervision des CISSS et des CIUSSS, etc.
Ils ne sont pas les seuls à soulever des abus et manquements. Le Protecteur du citoyen y a même consacré tout un rapport et émis plusieurs recommandations. D’ailleurs, durant l’année 2020-2021, il a dû intervenir dans 57 résidences privées.
Protecteur du citoyen
Pour obtenir une certification RPA, l’exploitant de la résidence doit répondre à plusieurs obligations, dont celle de servir des repas, d’offrir des soins infirmiers, des loisirs, de l’assistance personnelle, de l’aide domestique et d’assurer la sécurité des résidents.
Une RPA est donc bien plus qu’une entreprise privée locative.
Or, il semble que plusieurs dirigeants de RPA ont du mal à comprendre ce concept enchâssé dans leur certification, et ce, dans l’indifférence du politique.
Dans son rapport de 2016, le Protecteur du citoyen fait état, notamment, de manquements aux droits locatifs, par exemple l’imposition de frais abusifs, de modification ou de résiliation unilatérale du bail. Il constate également qu’un bon nombre de résidents, dont la moyenne d’âge est de 83 ans, hésitent à se défendre de peur de représailles. Plusieurs n’ont pas l’aide nécessaire face à la Régie du logement, d’autant plus que les procédures sont longues, complexes et anxiogènes.
Le Protecteur du citoyen émet alors plusieurs recommandations afin d’améliorer la qualité de vie des résidents, tout en protégeant leur droit et leur dignité.
Tout, mais pas l’indifférence
Alors que le Protecteur répète depuis 2016 que les RPA ont besoin de plus de surveillance et d’encadrement, le gouvernement actuel n’a pas fait mieux que ses prédécesseurs. Il aurait pu profiter du momentum entourant son Plan d’action pour l’hébergement de longue durée 2021-2026 pour mettre en place plusieurs des recommandations sur les RPA proposées par le Protecteur.
Au lieu de cela, on a eu droit au revers de la main de la ministre Blais qui n’en avait que pour sa construction de Maisons d’aînés. Un projet intéressant, certes, mais... pourquoi construire de nouvelles structures lorsque des RPA ferment leurs portes (au moins 150 depuis janvier 2021) ?
Quant aux Maisons d’aînés, les coûts seraient passés de 1 milliard à quelque 2,36 milliards pour une quarantaine de maisons, dont la livraison se fait toujours attendre. Ce projet a sans aucun doute drainé des fonds publics qui auraient pu être investis dans la pénurie de main-d’œuvre, la santé des travailleurs ou l’amélioration des services. En comparaison, le pont Champlain aurait coûté 2,15 milliards (selon leur site). Ils ont sûrement oublié quelques millions. Ne reste qu’une quarantaine de maisons versus un pont !
Jacques Parizeau m’a dit un jour : « Pour relancer l’économie, il faut construire ».
Une relance sur le dos des aînés ?