Les renouvellements hypothécaires feront mal

Malgré la récente baisse du taux directeur, quelque 200 000 ménages québécois doivent s’attendre à payer plus cher leur hypothèque en 2025 et 2026, car leurs prêts à faible taux viendront à échéance.

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C’est surtout la cohorte d’emprunteurs ayant contracté une hypothèque à taux fixe de cinq ans en 2020 et 2021 qui sera touchée. Ces ménages avaient profité de taux autour de 1,5 à 2% au plus fort de la pandémie. En 2025, ils devront composer avec des offres plus proches de 5%, malgré la baisse récente du taux directeur.

«Un client sur deux est là pour refinancer en ce moment, dit Stéphane Bruyère, courtier hypothécaire chez les Architectes hypothécaires. Il veut absolument garder son versement identique, quitte à rallonger l’amortissement ou à accepter d’autres conditions», dit-il.

Exemple concret

Un emprunteur avec par exemple une hypothèque de 300 000$, signée à 1,89% à l’époque de la pandémie, devait faire des versements mensuels de 1500$. Au renouvellement, avec un taux qui grimpe à 4,89%, il se retrouve à payer 1845$. C’est 345$ de plus par mois.

«Ce n’est pas facile avec l’épicerie et tout le reste qui coûte plus cher. Pour ces ménages-là, la baisse de 0,25% annoncée mercredi par la Banque du Canada, ça ne changera pas grand-chose. Le steak chez Costco, ils le prennent, ils le regardent, puis ils le remettent dans le congélateur», illustre Stéphane Bruyère.

• Regardez aussi ce podcast vidéo tiré de l'émission d’Isabelle Maréchal, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :

Les Québécois exposés

Au Canada, environ 1,2 million de prêts hypothécaires arriveront à échéance au pays en 2025, selon la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL). Le Québec représente environ 17 à 18% de ce marché, ce qui correspond à quelque 200,000 prêts à renouveler dans la province cette année.

Le même nombre, à peu de chose près, devra faire de même en 2026.

Le Québec est encore plus exposé au phénomène, puisque les ménages y privilégient massivement le taux fixe, où plus de 85% des hypothèques sont verrouillées pour cinq ans, contre environ 75% dans le reste du pays.

À l’inverse, seuls 20 000 à 30 000 ménages québécois à taux variable sont concernés et ceux-là ont déjà encaissé des hausses successives depuis 2022.

Une solution: rallonger la durée de l’hypothèque

Une solution populaire pour limiter la hausse des paiements mensuels est d’allonger la durée du prêt hypothécaire lors du renouvellement, par exemple sur 30 ans au lieu de 25.

Ça permet de réduire le poids des paiements mensuels, mais le nombre d’années supplémentaires fait grimper la facture en intérêts de plusieurs dizaines de milliers de dollars.

«Sur le marché, on ne voit pas encore un gros boom de ventes forcées à cause des renouvellements. Les mesures mises en place par Ottawa, surtout l’amortissement sur 30 ans, viennent aider beaucoup», souligne Mélanie Bergeron, courtière immobilière.

«Quand tu ajoutes cinq ou 10 ans à ton amortissement, ça réduit automatiquement les paiements mensuels. Sans ces mesures-là, il y aurait déjà plus de ménages en difficulté et plus de propriétés à vendre par contrainte», dit-elle.

• Écoutez aussi cet épisode balado tiré de l'émission de Richard Martineau, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :

Il vous reste combien à payer?

Région Solde moyen d’hypothèque

Montréal 440 000$

Montérégie 400 000$

Laurentides 380 000$

Québec 360 000$

Outaouais 345 000$

Lanaudière 340 000$

Estrie 320 000$

Mauricie 300 000$

Centre-du-Québec 290 000$

Chaudière-Appalaches 280 000$

Saguenay–Lac-Saint-Jean 260 000$

Bas-Saint-Laurent 240 000$

Abitibi-Témiscamingue 230 000$

Source: Hypothek.ca et Ratehub.ca