Les Québécois vont payer pour des chèques envoyés aux Ontariens


Marc-André Leclerc
Avant même de lancer sa campagne, Mark Carney a sorti un as de sa manche: mettre fin à la taxe sur le carbone pour les consommateurs. Coup de théâtre!
Une décision qui, sur papier, semble pleine de bon sens politique. Après tout, cette taxe était profondément impopulaire, surtout à l’extérieur du Québec, où elle s’appliquait directement à la pompe.
Ici, au Québec, on est dans un autre système: la bourse du carbone. Résultat? On paie plus cher notre essence, mais on ne reçoit pas de chèque en retour, contrairement aux Ontariens ou aux Albertains.
Des chèques de 3 milliards $
Et tenez-vous bien: depuis le 1er avril, les Ontariens et plusieurs Canadiens dans la majorité des provinces au pays ne paient plus la taxe carbone, mais ils vont recevoir un dernier chèque.
Oui, vous avez bien lu. Ils ne paient plus, mais ils vont quand même encaisser un remboursement. Magie préélectorale ou simple incohérence budgétaire? Divulgâcheur: les deux.
Mais cet argent, il vient d’où, au juste? Du ciel? Non, du fonds des opérations, c’est-à-dire des taxes et des impôts que nous payons.
Et ce trimestre, on parle de plus de 3 milliards de dollars de chèques envoyés à la population dans la majorité des provinces, sauf au Québec. (Merci aux journalistes comme Hélène Buzzetti qui ont fouillé le dossier.)
Trois milliards de dollars que le gouvernement ne peut plus justifier par les revenus de la taxe – puisque celle-ci est suspendue.
Les Québécois vont payer!
Donc, qui va payer pour tout ça? Tous les Canadiens. Donc, oui, les Québécois vont financer environ un quart des chèques envoyés aux autres Canadiens... sans jamais toucher un sou.
C’est tout simplement absurde.
Le pire dans cette histoire, c’est que le 1er avril, des candidats libéraux souriants se pavanaient en annonçant ces économies à leurs électeurs, comme s’ils venaient de leur offrir un cadeau.
Faut-il leur rappeler que ce sont eux qui ont imposé cette taxe pendant des années? C’est à se demander s’ils nous prennent pour des poissons... d’avril.
C’est de l’électoralisme pur et les électeurs deviennent malheureusement de plus en plus cyniques.