Les Québécois et l’argent: ça ne s’améliore pas
Toujours cette relation complexe des Québécois avec l’économie et les finances


Mario Dumont
Les jeunes en connaissent très peu aux affaires financières. C’est le résultat désolant d’une enquête de la firme Welcome Spaces publiée ce matin dans Le Journal. Les moins de 45 ans en général en arrachent à répondre à des questions sur les finances. Chez les 18-24 ans, on n’obtient même pas la note de passage.
On ne parle pas ici de connaître la finance internationale, les stratégies boursières de Wall Street ou le fonctionnement des multinationales dans les paradis fiscaux. On parle des éléments de base qui font partie du quotidien de tous les consommateurs: les taxes, les taux d’intérêt, les cartes de crédit, les hypothèques ou... l’inflation!
Nouveau cours
Fait malheureux, la cohorte des plus jeunes, les moins de 25 ans, est exactement celle qui a bénéficié du retour du cours d’éducation économique au secondaire. Rappel des faits: le ministre libéral Sébastien Proulx avait imposé qu’on ramène de tels cours pour les élèves de cinquième secondaire à la rentrée scolaire 2017.
Donc la quasi-totalité des 18-24 ans qui ont répondu au sondage a dû passer à travers cette formation. Je ferai deux commentaires. Premièrement, cela en dit long sur la gaffe que ce fut de retirer ce cours alors que les jeunes manquent cruellement de connaissances financières. Deuxièmement, il faudrait peut-être revoir le contenu et la façon de donner ce cours à partir du constat qu’une bonne partie des jeunes ne semblent guère suffisamment outillés après l’avoir suivi.
Je n’ai pas assisté aux cours d’éducation financière donnés au secondaire ces dernières années, mais je connais au Québec notre capacité de faire des formations déconnectées de la réalité. Dans le cours de conduite, on donnera une session de deux heures sur le concept fumant d’«écoconduite».
On y expliquera à l’élève qu’en pesant moins sur le gaz, il dépense moins d’essence ce qui est bon pour la planète. Wow! Mais dans le cours de conduite, on omettra de parler de choses simples et concrètes comme le lave-glace, les crevaisons ou la batterie.
Conséquences humaines
Je sais qu’au Québec on aime minimiser l’importance des questions financières. «Il n’y a pas que l’argent dans la vie!» «L’argent ne fait pas le bonheur!» Tout cela est bien vrai. Néanmoins, la méconnaissance des enjeux financiers peut vite entraîner des conséquences aussi concrètes qu’humaines.
Les erreurs financières peuvent gâcher le sommeil. Ils veulent mettre du sable dans les engrenages de la vie de couple. Ils peuvent conduire à une incapacité de réaliser des projets qui vous tiennent à cœur. Lorsqu’une personne devient le soutien de la famille, une méconnaissance des règles financières peut même pousser la famille au complet dans l’embarras.
À une époque, on ne parlait pas trop de finances à l’école au nom de la religion. Aujourd’hui, dans tous les cours (géographie, français, mathématiques, sciences) on fera référence à l’écologie, la nouvelle religion. C’est comme si cinquante ans plus tard, l’économie contrevient encore à une religion.