Les Québécois sont à bout de taxes
En réaction au dossier du Journal sur la taxe carbone, Eric Girard a déclaré: «Il est bon de réduire le fardeau fiscal. Il est bon de réduire l’imposition des particuliers.»

Pierre-Olivier Zappa
La semaine dernière, en réaction au dossier du Journal sur la taxe carbone, Eric Girard a déclaré: «Il est bon de réduire le fardeau fiscal. Il est bon de réduire l’imposition des particuliers.»
Le ministre des Finances a dit ça... mais on va se le dire: d’année en année, on ajoute des couches. Une taxe ici, des frais là. Un prélèvement de plus, déguisé en contribution.
Prenez une grande respiration. Maintenant, regardez autour de vous. Tout – ou presque – est taxé. La maison où vous habitez? Taxe foncière, taxe scolaire, taxe de bienvenue si vous l’achetez. La voiture dans l’entrée? Immatriculation, taxe sur l’essence, taxe sur la propulsion électrique, taxe carbone, frais sur les pneus neufs.
Et ce n’est qu’un échauffement.
À l’épicerie, votre facture grimpe à cause de la TPS, de la TVQ... et parfois même d’une taxe déguisée sur l’emballage.
Vous achetez un petit bidule électronique? Écofrais. L’écologie est devenue un prétexte idéal pour vous taxer, jusque dans la construction résidentielle. Prenez l’exemple de Mont-Tremblant: la municipalité impose une «écotaxe GES» sur chaque nouvelle maison. Pourquoi? Parce que construire, ça pollue, paraît-il.
Envie de sortir un peu? Les billets de spectacle sont taxés. Une nuitée à l’hôtel? Ajoutez la taxe d’hébergement. Et si vous préférez la paix à la maison, avec un verre de vin? Ce n’est pas mieux.
Vous payez d’abord la majoration de la SAQ. Ensuite, la taxe spécifique sur l’alcool. Puis la TVQ... appliquée sur la taxe spécifique. Bientôt, il faudra peut-être un permis pour déboucher la bouteille!
Et ça continue. On taxe l’alcool, l’assurance, le logement, le travail, l’épargne, la retraite. On ajoute des frais pour les pneus, les télés, les bouteilles d’eau... et même les piscines hors terre.
• Regardez aussi ce podcast vidéo tiré de l'émission de Richard Martineau, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :
Toujours premier
Selon le dernier Bilan de la fiscalité de la Chaire de recherche en fiscalité et en finances publiques, le Québec domine... en pression fiscale.
Comparé aux autres provinces, c’est toujours ici qu’on taxe le plus. La part de la richesse nationale captée par l’État atteint les 40% du PIB. C’est six points de plus que le reste du Canada et 13 points de plus que l’Alberta.
C’est plus que la moyenne des pays avancés de l’OCDE, qui se situe autour de 36%. Le Québec surpasse même vingt-et-une des trente-et-une économies les plus développées.
Trop d’impôt tue l’impôt
Et malgré tout ça, malgré ce maillage serré de prélèvements, les gouvernements se disent fauchés. Alors ils en cherchent encore plus.
Mais si le modèle ne fonctionne plus? Si trop taxer décourage l’investissement? Ralentit la consommation? Freine la croissance? Peut-être, en fait, qu’à force de tondre le mouton québécois à répétition, on a fini par l’empêcher de produire plus de laine.
Il est temps d’avoir cette discussion. Non pas sur le principe d’un État fort, mais sur les limites de ce que la classe moyenne peut – et doit – supporter. Parce qu’un gouvernement peut taxer tant qu’il veut... mais s’il finit par étouffer la croissance qu’il prétend financer, alors il ne récoltera qu’une chose: le ressentiment.