Les Prix Écrans, un gala de misère à la CBC!


Guy Fournier
Comment notre télé anglophone pourra-t-elle survivre aux «streamers»américains?
Netflix, Disney, Amazon et les autres grandes plateformes américaines sont une menace existentielle pour notre télévision francophone, mais je me demande si ces streamers n’ont pas déjà eu raison de notre télévision anglophone.
Si la CBC reste le réseau anglophone qui diffuse le plus de séries originales canadiennes, elle n’en continue pas moins de se faire tirer l’oreille pour en assurer la promotion. C’est à la toute dernière minute, par exemple, jeudi dernier, que la CBC a décidé de présenter la cérémonie des Prix Écrans (Canadian Screen Awards) sur son réseau principal. Jusque là, la cérémonie devait être diffusée uniquement sur CBC Gem. Autrement dit, une voie d’évitement!
Afin de se justifier, la direction de la CBC a prétendu qu’elle devait attendre l’horaire des éliminatoires de la coupe Stanley avant de prendre une décision, le hockey ayant préséance sur la culture. Il n’y avait pourtant aucune possibilité que la finale de la Coupe Stanley commence dimanche, la cinquième partie ayant eu lieu le jeudi 29 mai!
Le gala présenté en studio
Le gala a finalement été présenté sur le réseau principal dans un studio et un décor à peine dignes de CBC Gem. Animé par Lisa Gilroy, une actrice et youtubeuse importée de Hollywood, mais ayant gardé quelques traces d’Alberta, sa province natale, le gala s’est déroulé cahin-caha avec des catégories bizarres — parfois genrées, parfois non genrées —, les gagnants devant se frayer un passage difficile jusqu’à une estrade qu’on avait dû emprunter d’une salle paroissiale voisine.
Comble de malheur, les deux gagnants «internationaux» dont on espérait la présence pour rehausser la soirée étaient aux abonnés absents: l’actrice australienne Cate Blanchett, prix Écran de la meilleure performance en comédie pour son rôle dans la série «Rumours» de Guy Maddin, et Sebastian Stan, prix Écran pour le rôle de Donald Trump dans le film américano-canado-dano-irlandais (eh! oui) «The Apprentice».
Un hommage à Denise Robert
Kiefer Sutherland, l’inoubliable interprète de Jack Bauer, a préfacé l’hommage aux artistes disparus, rappelant de façon sobre (et sombre) la carrière internationale de son père Donald, l’inoubliable interprète de douzaines de grands rôles.
Comme je ne sais pas combien de téléspectateurs auront eu la patience de se rendre jusqu’au bout du gala, j’aimerais rappeler que l’excellente comédie de CTV Children Ruin Everything, que Law & Order Toronto de Citytv ainsi que le film surréaliste du réalisateur manitobain Matthew Rankin, Une langue universelle, ont gagné dans leurs catégories respectives.
Le gala a aussi rendu hommage à la productrice Denise Robert. Il y a belle lurette que sa réputation n’est plus à faire au Québec, mais il faut souvent plusieurs années pour que la notoriété d’une personnalité québécoise franchisse la frontière du ROC. Mais gardons espoir que les choses changent, le nouveau premier ministre Mark Carney s’étant engagé à faire tomber les barrières interprovinciales d’ici au 1er juillet 2025!