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L'article provient de Le Journal de Montréal

Les plantes toxiques le sont-elles vraiment?

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Photo portrait de Albert Mondor

Albert Mondor

2023-12-09T05:00:00Z
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Lorsqu’on est parent de jeunes enfants, une des peurs les plus vives est associée aux plantes toxiques. Devrait-on cesser de cultiver certaines plantes parce qu’elles pourraient empoisonner nos enfants ? Qu’en est-il vraiment ?

Tout d’abord, soyez rassurés, les cas d’empoisonnements mortels à la suite d’ingestion de plantes toxiques sont très rares. En 2020, sur les 186 739 expositions humaines à des produits toxiques confirmés ou potentiels, 5372 cas d’empoisonnements réels et potentiels impliquaient des plantes. 

Heureusement, la plupart des intoxications sont sans conséquences graves.

Un cas très révélateur de cette peur associée aux plantes toxiques est le poinsettia, qu’on retrouve dans de nombreuses résidences durant la période de Noël. On a longtemps cru que cette plante était toxique pour les êtres humains. Une étude de l’Université d’Ohio démontre clairement qu’il n’en est rien. 

On a longtemps cru que le poinsettia était toxique alors que ce n’est pas le cas.
On a longtemps cru que le poinsettia était toxique alors que ce n’est pas le cas. Photo fournie par Beaudry Flowers

En fait, pour qu’un enfant ressente certains malaises, il faudrait qu’il ingère plus de 500 feuilles de poinsettia !

D’autre part, le poinsettia ne semble pas être plus toxique pour les animaux. 

L’ASPCA (American Society for the Prevention of Cruelty to Animals) considère que la toxicité de cette plante a été longtemps surévaluée et elle ne figure plus dans sa liste des 20 plantes les plus toxiques. 

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Enflures et hallucinations

Le spathiphyllum, communément appelé lis de la paix, figure parmi les plantes d’intérieur les plus faciles à cultiver. Malheureusement, il s’agit aussi de l’une des plantes le plus souvent impliquées dans les cas d’empoisonnement. D’autres plantes proches parentes du lis de la paix, comme le dieffenbachia, sont également toxiques. Toutefois, les symptômes qui résultent de l’ingestion de ces plantes sont généralement peu dramatiques. 

Lis de la paix
Lis de la paix Photo fournie par gardenia.net

Le lis de la paix et le dieffenbachia contiennent une sève riche en alcaloïdes causant une sensation de brûlure ainsi que l’enflure des lèvres et de la bouche si elle est ingérée. Dans les cas les plus graves, la personne affectée deviendra momentanément muette. Les symptômes disparaissent d’eux-mêmes après quelques heures. Il est recommandé d’éviter de manipuler cette plante lorsqu’on a des plaies sur les mains ou de mettre des gants en pareille situation.

Dieffenbachia
Dieffenbachia Photo fournie par Gerbeaud

Les daturas et les brugmansias fascinent par leur allure tropicale et leur floraison des plus exubérantes. 

Toutefois, faites attention, puisque toutes les parties de ces plantes annuelles sont toxiques si elles sont ingérées. L’ingestion de graines ou de feuilles de datura et de brugmansia provoque de fortes réactions allant de la hausse du rythme cardiaque jusqu’aux hallucinations en passant par les nausées, les vomissements et les troubles de la vision.

Brugmansia
Brugmansia Photo fournie par Bakker.com

Brochettes empoisonnées

Toutes les parties du laurier rose (Nerium oleander) sont toxiques ; il ne faut surtout pas le confondre avec le laurier-sauce (Laurus nobilis), qui est tout à fait comestible. 

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Le laurier rose est un arbuste ornemental très populaire auprès des jardiniers amateurs qui arbore d’étroites et longues feuilles de couleur vert glauque, et qui porte de jolies fleurs roses, blanches ou jaunes selon les cultivars. 

Laurier rose
Laurier rose Photo fournie par Jardiland

La sève du laurier rose contient de l’oléandrine, une substance toxique qui agit sur le muscle cardiaque. À l’instar de la digitale et du muguet, lorsqu’on ingère une petite quantité de laurier rose cela provoque d’abord des maux de ventre et des vomissements, puis, un peu plus tard, des troubles cardiaques. 

À forte dose, un arrêt cardiaque peut survenir. Une anecdote raconte d’ailleurs que des soldats de Napoléon auraient été gravement malades – certains seraient décédés – après avoir mangé des brochettes de viande. Ces pauvres soldats auraient piqué la viande sur des branches de laurier rose.

Dermatites

L’herbe à la puce est une autre plante toxique, mais dont les effets surviennent simplement en la touchant. On la retrouve sous deux formes : l’une est buissonnante et n’atteint que 30 cm de hauteur alors que l’autre est grimpante. 

Herbe à la puce
Herbe à la puce Photo fournie par la Ville de Québec

Ses feuilles vertes lustrées sont composées de trois folioles ovales à bout pointu qui ressemblent beaucoup à celles de l’érable à Giguère.

Attention ! Ne touchez jamais cette plante à mains nues sans quoi vous subirez des irritations de la peau fort douloureuses et persistantes. 

Des rougeurs, cloques et enflures apparaissent généralement dans les 24 heures suivant le contact et peuvent persister pendant quelques semaines. 

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Si vos vêtements ou vos outils ont touché la plante, il est préférable de vous en départir puisque l’huile responsable des irritations, le toxicodendrol, peut persister longtemps sur les tissus et le bois.

Certaines autres plantes, comme la berce du Caucase et le panais sauvage par exemple, peuvent causer une phytophotodermatite dont les symptômes sont toutefois différents de ceux provoqués par l’herbe à la puce. 

Berce du Caucase
Berce du Caucase Photo fournie par Florealpes

Dans ce cas particulier, la réaction cutanée est causée par le contact avec la plante suivi d’une exposition au soleil et provoque littéralement une brûlure. 

Précautions à prendre avec les plantes toxiques : 

Si vous avez des enfants ou des animaux domestiques, mieux vaut prendre certaines précautions avec les plantes toxiques :

  • Évitez d’acheter et de cultiver des végétaux réputés pour être toxiques.
  • Si vous possédez des plantes toxiques, assurez-vous de les placer hors de portée de vos bambins ainsi que des chats et des chiens.
  • Ne consommez pas de plantes sauvages ou poussant dans votre jardin sans être certain de leur identité et de leur comestibilité.
  • Si quelqu’un ingère une plante que vous croyez être toxique, téléphonez sans tarder au Centre antipoison du Québec en composant le 1 800 463-5060.
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