[PHOTOS] Les pièces à conviction du meurtre de Pierre Laporte ont été analysées dans les heures suivant sa mort
De nombreux spécialistes des sciences judiciaires ont joué un rôle méconnu durant la crise d’Octobre


Mathieu-Robert Sauvé
La chaînette qui a servi à étrangler Pierre Laporte le 17 octobre 1970, ses vêtements tachés de sang et la machine à écrire des felquistes ont été scrupuleusement analysés par les spécialistes des sciences judiciaires dans les semaines suivant le drame.
«Le Laboratoire de sciences judiciaires et de médecine légale a joué un rôle majeur, mais peu connu dans le procès qui a suivi le décès de Pierre Laporte», explique l’historien Simon Dubé, directeur du service à la clientèle et de la performance au Laboratoire, l’un des plus anciens du continent nord-américain.
Dans le cadre d’un travail de recherche visant à souligner le travail dans l’ombre de ces experts essentiels au bon déroulement des procédures judiciaires, il a retrouvé le nom des médecins légistes qui sont arrivés à la conclusion que l’otage est mort «d’asphyxie aiguë par strangulation et que cette strangulation a été effectué au moyen de la chaînette que M. Laporte portait au cou».

C’est le Dr Jean-Paul Valcourt qui a mené l’autopsie, qui se déroule de 3h à 7h dans la nuit du 18 octobre. Le Dr Jean Hould l’accompagne ainsi que plusieurs témoins, dont des policiers de la Sûreté du Québec.

Sections biologie et chimie
Parallèlement à cette opération, des prélèvements sont envoyés à plusieurs experts de l’institut; des échantillons de sang, par exemple, vont sous le microscope de la section biologie pour analyse du groupe sanguin et un morceau s’apparentant à du verre retrouvé sur une blessure au niveau de la poitrine de la victime est envoyé à la section chimie.

Au matin du 18 octobre, la Sûreté du Québec perquisitionne le 5630, rue Armstrong, à St-Hubert, où Pierre Laporte aurait été retenu captif. L’expertise du Laboratoire est sollicitée pour présenter des preuves solides à la cour.
Deux experts, Pierre Boulanger et André Munch, recueillent des prélèvements de sang et saisissent la machine à écrire qui aurait servi à rédiger les communiqués du FLQ.

Experte en documents
Une jeune spécialiste en documents, Michèle Langlois, est embauchée afin d’analyser les textes produits par le FLQ à partir de divers écrits manuscrits et de diverses machines à écrire.

Lorsque le procès des meurtriers débute en mars 1971, plusieurs experts du Laboratoire, alors nommé «Institut de médecine légale et de police scientifique», témoignent.
Michelle Langlois, notamment, attribue à Paul Rose l’écriture du communiqué annonçant l’exécution de Pierre Laporte.
Avec Francis Simard, Paul Rose sera condamné à la prison à vie. Leur complice Bernard Lortie écope de 20 ans d’emprisonnement.