Les pétrolières s'enrichissent à nos dépens

Michel Girard
Il y a un an, le litre d’essence ordinaire se vendait autour de 122,5 cents, à Montréal. Hier, on faisait le plein à 162,5 cents, en hausse de 40 cents le litre. C’est une augmentation spectaculaire de 32,6 %.
Tant qu’à se faire « arnaquer » de la sorte à la pompe, aussi bien savoir qui profite le plus de cette explosion du prix de l’essence !
Sur les 40 cents d’augmentation du litre d’essence, sachez que 34 cents aboutissent dans les coffres des pétrolières et de leurs raffineries et 6 cents dans les goussets de nos gouvernements en TPS et TVQ.
Ainsi 85 % de l’augmentation de l’essence va dans les coffres des pétrolières et de leurs raffineries.
Cela a eu pour effet direct d’enrichir royalement les sociétés du secteur énergétique et leurs actionnaires. Je pense entre autres à Suncor Energy (Petro-Canada), Canadian Natural Resources, Exxon Mobile, Valero Energy, Imperial Oil, Cenovus Energy, etc.
En l’espace de 12 mois, un grand nombre de titres du secteur énergétique canadien ont d’ailleurs plus que doublé.
À preuve, le fonds indiciel « Ishares S&P/TSX Energy » a explosé de 118 % lors des 12 derniers mois. Ce fonds regroupe dans son portefeuille les grandes sociétés canadiennes telles Canadian Natural Resources, Suncor, Cenovus, Tourmaline Oil Corp, Imperial Oil, ARC Resources, etc.
Au cours de la même période de 12 mois, le prix du baril de pétrole, lui, a bondi nettement moins que les titres énergétiques.
Le WTI Crude américain a augmenté de 58,6 % pour atteindre les 88,33 $ US le baril ; le Brent de Londres de 53,2 % à 89,46 $ US ; et le Western Canadian Select canadien de 71,3 % à 75,35 $ US.
L’influence de New York
Les pétrolières et leurs raffineries se remplissent les coffres à même le « coût minimal d’acquisition », lequel coût correspond au prix de gros chargé à la rampe de chargement à Montréal en fonction du « prix de l’essence au comptant » du Port de New York.
Vous avez bien lu : le coût de base du prix de « notre » essence est basé sur celui du Port de New York et non pas sur le réel coût du pétrole brut acheminé à nos raffineries pour se faire transformer en essence.
Quand on fait le plein au Québec, on est tributaire de la fluctuation du prix de l’essence négocié au marché du Port de New York ! Lequel « prix new-yorkais » est par la suite converti en dollars canadiens, et « bonifié » de la redevance au Fonds vert.
- Écoutez la chronique économique de Michel Girard sur QUB radio:
Le prix du litre décortiqué
Au début de février 2021, les pétrolières encaissaient un « coût minimal d’acquisition » de 68,3 cents le litre. Hier, elles empochaient 102,3 cents, soit 63 % des 162,5 cents le litre qu’on nous facturait à la pompe.
Les gouvernements de Québec et d’Ottawa se partageaient 53,4 cents en taxes de tout acabit, pompant par le fait même 32,9 % du prix du litre d’essence.
Les essenceries récoltaient comme marge de détail quelque 6,5 cents le litre.