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L'article provient de Le Journal de Montréal
Culture

Les petits curés de la Ville de Montréal

Sean Feucht lors d’un spectacle en Arizona en octobre 2024.
Sean Feucht lors d’un spectacle en Arizona en octobre 2024. Photo d’archives AFP
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Photo portrait de Sophie Durocher

Sophie Durocher

2025-07-29T19:00:00Z
2025-07-30T00:13:43Z
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Attention Mesdames et Messieurs, dormez tranquilles, les gardiens de la morale de Projet Montréal sont là pour veiller au grain.

Si jamais un obscur chanteur qui ose porter une casquette rouge «Make America Great Again» se pointe aux portes de la ville, ces vaillants défenseurs de la pureté morale vont vous protéger de toute contamination idéologique.

«Ce spectacle va à l’encontre des valeurs d’inclusion, de solidarité et de respect qui sont prônées à Montréal», vont-ils clamer en faisant taire l’intrus (et en faisant étalage de leur vertu).

Hein? Quoi? Vous me demandez quelle est donc la liste de ces «valeurs d’inclusion, de solidarité et de respect»? Mais que vous êtes impertinent! Les gens de Projet Montréal sont les seuls à connaître la liste et les seuls à pouvoir l’appliquer!

Jésus de Montréal

J’observe le scandale autour de la venue de Sean Feucht et de son spectacle dans une petite église, et j’ai l’impression d’être dans un film de Denys Arcand!

La même Ville qui laisse des prédicateurs cracher leur haine des juifs, qui se tait quand des femmes portant le voile intégral font de la provocation en priant devant la basilique Notre-Dame, s’offusque quand un chanteur veut chanter son grand succès «Halleluia, Dieu est avec nous» dans une église évangélique? Cherchez l’erreur.

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Quand Sean Feucht a réuni des fidèles à l’église Ministerios Restauración, ça m’a bien fait rigoler quand j’ai vu que la conseillère municipale Marie Plourde s’était «présentée sur les lieux pour garder un œil sur la scène».

Et je vous en passe un papier: quand Marie Plourde «garde un œil sur la scène», elle n’y va pas de main morte. Non madame! «C’est un spectacle qui se fait sans l’autorisation et sans les permis nécessaires, a-t-elle déclaré à La Presse. «Mais on est dans un pays où on a la libre expression, même si ça va contre nos valeurs, comme l’inclusivité et la solidarité.»

Vous rappelez-vous quand madame Plourde animait une émission qui s’intitulait Je te salue Marie? Elle adorait les artistes subversifs, qui brassent la cage, qui pensent différemment, qui défient les conventions.

Le plus drôle dans tout ça, c’est que cette campagne de dénigrement a été une formidable campagne de publicité pour Feucht qui se fait passer pour une victime persécutée. Par contre, on doit donner raison à Feucht sur un point. Il a écrit sur X: «Voici la dure vérité: si je m’étais présentée avec des cheveux violets et une robe violette, en prétendant être une femme, le gouvernement n’aurait rien dit. Mais professer publiquement des croyances chrétiennes profondément ancrées, c’est être taxé d’extrémiste.»

Feucht a parfaitement raison. S’il était arrivé en drag-queen et avait voulu lire des contes aux enfants dans une bibliothèque de Montréal, Marie Plourde (qui précise sur les médias sociaux que ses pronoms sont «elle/she/her») lui aurait donné sa bénédiction.

Qui est crucifié?

J’ai une question pour l’administration Plante. Si vous considérez que chanter les louanges de Jésus Christ «va à l’encontre des valeurs d’inclusion, de solidarité et de respect prônées à Montréal», pourquoi avez-vous pendant si longtemps placé une image d’une femme entièrement voilée à l’entrée de l’hôtel de ville? Ce qui est bon pour Pitou n’est pas bon pour Minou?

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