Les pénitenciers fédéraux: de véritables passoires


Maria Mourani
Le drone est l’outil par excellence pour introduire des marchandises dans les prisons provinciales québécoises. J’en parlais dans ma chronique du 11 janvier dernier. La situation serait-elle différente dans les pénitenciers fédéraux? Évidemment, non.
Depuis les sept dernières années, la livraison par drone se serait accentuée, et ce, même dans les établissements à sécurité maximum. Ce n’est donc pas un phénomène nouveau et selon une de mes sources, le Service correctionnel du Canada (SCC) serait bien au courant de cette problématique.
Outre la drogue et les cellulaires, le plus difficile à gérer pour les agents correctionnels demeure l’introduction des armes blanches : coups-de-poing américains, pics et couteaux, dont ceux en céramique, indétectables, qui transpercent les gilets pare-balles. Les agents sont constamment sur le qui-vive, ne sachant jamais d’où viendra l’attaque.
Fouilles et détection des drones
Tout comme dans les prisons provinciales, les détecteurs de drones dans les pénitenciers ne seraient pas efficaces. Le SCC envisagerait donc d’installer un nouveau système plus performant. En attendant, les agents correctionnels peinent à effectuer leur travail en toute sécurité et les détenus continuent de faire fonctionner leurs affaires à l’extérieur (grâce aux cellulaires) et à l’intérieur des murs.
Quant aux fouilles dites aléatoires, elles sont régies par des règles strictes et doivent se faire une fois par mois. Toutefois, si les agents veulent agir hors de ce cadre, ils doivent avoir de solides raisons. Les fouilles dites spéciales ne seraient pas très appréciées des directions pénitentiaires. Les agents ont la consigne informelle de ne pas en faire trop, et surtout de justifier ce type de fouilles au risque de réprimandes. En effet, le détenu pourrait porter plainte.
Ironiquement, dans ce jeu de dupes, les grands gagnants demeurent les détenus membres de groupes criminels, puisqu’ils contrôlent la majorité du trafic institutionnel. La population carcérale, dite générale, est malheureusement victime de ces individus.
- Écoutez l'entrevue de Benoit Dutrizac avec Maria Mourani, criminologue, sociologue et chroniqueuse au Journal de Montréal sur QUB radio :
Des solutions?
Lors d’une visite dans un établissement carcéral britannique en 2009, j’ai constaté l’installation d’un grillage énorme au-dessus de la grande cour extérieure. Intriguée, je demande à mon guide les raisons de cette mesure. Il m’explique que certains des détenus valent leur pesant d’or et peuvent ainsi se payer des évasions spectaculaires.
Au Québec, une vingtaine de cours ont ainsi été grillagées dans des prisons ; certaines après des évasions, par exemple aux établissements de Saint-Jérôme et de Québec. Dans d’autres, comme Rivière-des-Prairies, il y aurait des brouilleurs d’ondes cellulaires, mais cela ne m’a pas été confirmé.
En d’autres mots, la stratégie actuelle, tant au fédéral qu’au provincial, est le colmatage de brèches. Un détecteur peu performant par-ci, un grillage par-là.
Je veux bien croire que les gouvernements aiment le scrapbooking, pensant que cela coûte moins cher, mais on voit bien que cela ne fonctionne pas en matière de sécurité.
Les réseaux de livraison par drone sont florissants et peuvent même agir dans plusieurs établissements à la fois.
Quand une stratégie ne donne pas de bons résultats, que fait-on? On en change.