Les pêcheurs de saumons peuvent espérer


Julien Cabana
Comme prévu, les montaisons de grands saumons ont été faibles cette saison, mais pour l’avenir, l’arrivée plus importante de jeunes saumons dans plusieurs rivières cette saison, redonne espoir aux dirigeants de la Fédération québécoise pour le saumon d’Atlantique.
« Nous avions effectivement prédit que les montaisons de grands saumons seraient faibles, en raison de la faible présence de madeleineaux l’an dernier, explique la directrice générale de la FQSA, Myriam Bergeron. Cependant, comme nous l’avions dit l’automne dernier, il est impossible de savoir quelle sera la montaison de jeunes madeleineaux à l’avance. Nous rêvions à une surprise, assis sur le bout de notre chaise. »
« Dans plusieurs rivières, on a observé une présence de madeleineaux très encourageante. Ainsi, dans le Bas-Saint-Laurent, la Gaspésie, on voit vraiment des quantités qui sont plutôt près de la normale, la moyenne des cinq dernières années, si on exclut les deux dernières saisons où c’était très bas. C’est assez encourageant. Ce que cela nous dit, c’est que cette montaison de jeunes devrait se traduire par la montaison de plus de grands saumons l’an prochain. »
À SURVEILLER
Ailleurs au Québec, dans certaines régions, la situation du saumon demeure préoccupante.
« Sur la Côte-Nord, ça demeure préoccupant, mais pas pour toutes les rivières. À partir des Escoumins jusqu’à Moisie, c’est difficile pour plusieurs rivières. Des indices nous démontrent que les montaisons sont basses. »
Sur la Basse-Côte-Nord, la situation fluctue.
« C’est vraiment variable avec des rivières où ça va très bien alors que d’autres affichent des montaisons basses. Du côté de Charlevoix et du Saguenay, toutes ces rivières ont des montaisons plus basses de grands saumons, mais proportionnellement, il y a vraiment une grosse augmentation de la montaison des madeleineaux. C’est ce qui nous fait dire que ça augure bien pour les prochaines saisons. »
LES CONDITIONS D’EAU
La saison a bien commencé avec de belles conditions de pêche.
« Les conditions d’eau au printemps étaient vraiment belles. Nous avons eu une belle fonte de neige, un bon débit dans les rivières, de belles conditions de pêche, des éléments gagnants. Par la suite, nous avons connu des canicules, entraînant une détérioration des conditions de pêche. Les rivières sont basses, mais avec de la pluie et des nuits plus fraîches, nous devrions vivre une belle fin de saison. Il faut aussi espérer que les montaisons tardives, après la fin de la saison de pêche, vont se poursuivre et que les décomptes de fin de saison seront bons, nous permettant d’être encore plus encouragés. »
Les pêcheurs se sont adaptés tout au long de la saison.
« Lorsque les conditions de pêche sont très difficiles, les gens font autre chose. Il y en a toujours qui continue. Ils savent très bien qu’il n’y aura pas un gros succès de pêche. C’est pour le principe d’être sur les bords d’une rivière à saumons. Les pêcheurs suivent la réglementation sur la remise à l’eau de grands saumons ou encore la fermeture complète de certaines rivières par réglementation, comme La Malbaie ou la Rivière-à-Mars. »
ASSURER L’AVENIR
La température de l’eau fait la différence pour toutes les espèces.
« Le saumon est un animal à sang-froid. Comme tous les poissons, le saumon se positionne dans l’écosystème en rapport avec la température. Il est normal qu’il se retrouve au fond des fosses. »
S’il y a toujours eu des vagues de chaleur dans le passé, la spécialiste rappelle qu’il faut agir pour mieux protéger le saumon des effets néfastes des chaleurs.
« Il y aura de plus en plus de périodes de chaleur, c’est un fait. Il faut tout faire pour protéger les refuges thermiques aux abords des rivières, là où le saumon se retrouvera, dans ces endroits frais. Il a déjà ce comportement en lui. Il nous faut donc garder ces endroits frais, en posant les gestes appropriés comme harder le couvert forestier le long des rivières, par exemple, là où le saumon pourra se réfugier et passer au travers de ces périodes chaudes. »