Les patients québécois réduits au rôle de spectateurs


Josée Legault
Si les Québécois suivaient les consultations de cette semaine à l’Assemblée nationale sur le projet de loi 106, ils en sortiraient avec une migraine carabinée.
Rappelons que le projet de loi du ministre Christian Dubé est une énième tentative en 30 ans de renforcer l’accès au réseau public de santé que les gouvernements successifs ont eux-mêmes affaibli à coups de compressions et de réformes mal calibrées. Cherchez l’erreur.
Cette fois-ci, le ministre entend modifier le mode de rémunération des médecins et leur imposer des indicateurs de «performance» quantitatifs.
Avant les élections
Le ministre promet que tous les Québécois, d’ici l’été 2026 – tout juste avant les élections –, seraient inscrits à un «milieu de pratique de première ligne».
L’objectif du ministre est louable. Comme on le sait, l’enfer est néanmoins pavé des meilleures intentions. D’où le dialogue de sourds au Parlement entre le ministre et les fédérations d’omnipraticiens et de médecins spécialistes.
Les médecins convoqués lui parlent des ressources matérielles et humaines qui leur manquent pour assurer un meilleur accès aux patients. Le ministre leur demande en retour ce qu’ils peuvent faire eux-mêmes de plus.
Combat de titans
Dans ce combat de titans, les patients sont réduits au rôle de spectateurs. Y compris ceux qui, parmi les plus vulnérables, tombent entre les craques depuis longtemps d’un réseau public toujours aussi dysfonctionnel.
L’impression dominante est en effet que les «vraies affaires» ne se discutent pas tant à l’Assemblée nationale que derrière les portes closes des négociations serrées entre le gouvernement et les fédérations de médecins.
Une fois les négos terminées, les Québécois se retrouveront placés devant un fait accompli. Devant une autre réforme imposée du haut des sommets des grands décideurs.
«La première ligne» est vitale pour une société aussi vieillissante que la nôtre. Or, à de rares exceptions, les patients, pourtant les premiers concernés, n’auront pas eu leur mot à dire sur le sujet.