Repêchage de Jocelyn Thibault: «Les partisans scandaient mon nom»
Jocelyn Thibault avait fait l’unanimité dans le Colisée de Québec quand il avait été repêché par les Nordiques


Jonathan Bernier
Être sélectionné au premier rang par l’équipe qui organise le repêchage est un phénomène rare. Depuis 1980, année où la LNH a délaissé l’hôtel Le Reine Elizabeth au profit des amphithéâtres de son circuit, ce n’est arrivé qu’à deux occasions : Doug Wickenheiser, en 1980, à Montréal, et Wendel Clark, en 1985, à Toronto.
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Il est donc difficile de trouver des exemples pour comprendre comment se sentiront Shane Wright, Juraj Slafkovsky ou Logan Cooley lorsque le directeur général du Canadien, Kent Hughes, prononcera le nom de l’heureux élu sur la scène du Centre Bell, demain.
Jocelyn Thibault n’a pas eu le luxe d’être premier de classe. Néanmoins, en 1993, les Nordiques en avaient fait leur premier choix, le 10e au total, dans un Colisée de Québec rempli à craquer.
«J’avais une bonne idée que j’allais sortir entre le neuvième et le 12e rang. Mais je ne m’attendais pas du tout à ce que ce soit avec les Nordiques, a raconté Thibault, joint par Le Journal au cours du week-end. J’avais regardé la formation des équipes et je trouvais que les Nordiques avaient déjà beaucoup de gardiens dans leur organisation.»
«Rarement vu ça»
Les partisans, eux, n’en avaient que faire des Stéphane Fiset, Jacques Cloutier et Garth Snow.
Pendant que Pierre Pagé, à ce moment DG du fleurdelysé, se dirigeait vers l’estrade, la foule s’est manifestée, scandant le nom du gardien de but des Faucons de Sherbrooke.
«Ça m’a pris quelques secondes à réaliser que c’était bien mon nom qu’on criait. Les partisans scandaient mon nom. C’était incroyable. Je n’ai jamais compris d’où ça venait. D’ailleurs, j’en ai regardé des repêchages à la télévision et j’ai rarement vu ça», a maintenu celui qui est le directeur général de Hockey Québec.
Une surprise
Pagé n’a pas déçu ses partisans. À l’annonce de la sélection du jeune Lavallois, la foule s’est levée d’un bond et a applaudi à tout rompre, continuant de scander le nom de leur nouvelle coqueluche.
«J’étais vraiment surpris. J’étais un petit gars qui venait simplement vivre son repêchage, qui avait hâte de voir avec quelle équipe il allait se retrouver. Alors, vivre cet accueil-là, sérieusement, je n’en revenais pas, a relaté Thibault. Après ça, il m’est arrivé de me demander ce qui serait arrivé si ce n’est pas moi que les Nordiques avaient choisi.»
Grâce à Eric Lindros
Il faut dire que Québec avait obtenu cette sélection dans la mégatransaction qui avait envoyé Eric Lindros aux Flyers de Philadelphie un an plus tôt.
Avec un autre droit de parole au 14e rang (les Nordiques avaient choisi Adam Deadmarsh), Pagé pouvait se permettre une petite folie.
Le meilleur gardien
Et il ne s’était pas trompé puisque Thibault s’est taillé un poste avec l’équipe dès l’automne suivant. De plus, des 36 gardiens sélectionnés au cours des 11 tours de ce repêchage, il est celui qui a connu le plus de succès et l’un des deux seuls à avoir obtenu plus de 500 départs et remporté plus de 200 matchs.
«Je pense que je suis un bel exemple que même si tu as une abondance de joueurs à une certaine position, si tu aimes celui qui est sur ta liste, prends-le. Au pire, si tu en as trop, tu l’échangeras. C’est ce qu’ils ont fait avec moi et ils sont allés chercher des morceaux qui leur ont permis de gagner la coupe Stanley [avec l’Avalanche du Colorado].»