Canadien de Montréal: les partisans pris en otage


Michel Bergeron
Le week-end des étoiles de la LNH rime avec la dernière ligne droite du calendrier régulier. Évidemment, le Canadien est depuis longtemps exclu du portrait des séries, mais que restera-t-il aux partisans à se mettre sous la dent ?
Une course pour finir le plus bas possible au classement afin de mettre la main sur Connor Bedard ?
Bedard est un athlète exceptionnel. Des joueurs comme lui, on en voit que tous les 10 ans. Comme les Sidney Crosby ou les Connor McDavid de ce monde. Peut-être que je me trompe, mais je suis convaincu que Bedard est de la même trempe, un hockeyeur générationnel.
Le Tricolore fera donc la lutte aux Canucks de Vancouver, aux Sharks de San Jose, aux Coyotes de l’Arizona, aux Ducks d’Anaheim, aux Blackhawks de Chicago et aux Blue Jackets de Columbus dans le but d’obtenir le meilleur rang au repêchage.
Cependant, je ne pense pas que ça plaise aux dirigeants de la LNH.
Les grands perdants dans ce mauvais scénario, ce sont les amateurs, qui sont pris en otage.
Les défaites s’accumulent, mais les fans doivent toujours payer le gros prix. Le coût des billets ne diminue pas parce que le CH présente une formation digne de la Ligue américaine.
Lors du dernier match, un revers de 5 à 4 face aux Sénateurs d’Ottawa, Montréal avait au sein de sa formation neuf hockeyeurs avec les étiquettes « LAH » ou « recrues ». On a quand même annoncé 21 105 spectateurs au Centre Bell...
Le spectacle en souffre
On a beau apprécier la performance remarquable de Rafaël Harvey-Pinard, qui a récolté cinq buts et six points en sept rencontres depuis son rappel de Laval, un fait demeure : l’infirmerie du Canadien déborde et le spectacle en souffre.
Si on inclut Carey Price, qui pourrait ne plus jamais enfiler ses jambières, et Paul Byron, qui n’a pas disputé un seul match cette saison, le Bleu-Blanc-Rouge doit se débrouiller sans 11 joueurs blessés. Et c’est sans compter que Kirby Dach et Christian Dvorak ont souvent raté des entraînements dernièrement afin de subir des traitements. Ils ne jouent pas à 100 % de leurs capacités.
Un peu de positif
Heureusement, Dach fait partie des belles histoires de cette campagne chez le CH. À ses cinq plus récentes sorties, il a amassé cinq points.
Il n’y a donc pas que du négatif. Les partisans ont pu assister aux prouesses de Cole Caufield avant qu’il ne passe sous le bistouri et à l’émergence de Samuel Montembeault. Mais bon, Jake Allen semble avoir retrouvé son statut de numéro un depuis son retour au jeu. Qui mérite le plus de jouer entre Montembeault et Allen ? Poser la question, c’est y répondre.
Et il y a des blessés dont on n’entend plus parler... et qui ne semblent pas pressés de revenir au jeu. Faut dire que la saison du Canadien ne s’en va nulle part. Difficile de croire qu’on a déjà surnommé ce club « Les Glorieux ».
Un plan à l’eau ?
Brendan Gallagher n’a pas joué depuis un mois. Pour Sean Monahan, ça remonte au 5 décembre. Plusieurs observateurs croyaient que Monahan serait une bonne monnaie d’échange à la date limite des transactions, mais le plan de Kent Hughes est peut-être tombé à l’eau.
J’ai hâte de voir si le directeur général du CH va effectuer plusieurs transactions. Mais je me demande si ses joueurs ont tant de valeur que les gens veulent le croire. Certains envoient le défenseur Joel Edmundson sous d’autres cieux. Qui en voudra ? Il est lent et sa seule qualité est d’avoir gagné la coupe Stanley avec les Blues de St. Louis.
Tant qu’à faire jouer les jeunes, j’aimerais voir plus d’Anthony Richard, qu’on a trop rapidement retourné avec le club-école du Rocket, et plus de Montembeault.
La direction a un plan. Tout le monde a confiance en Kent Hughes et Jeff Gorton. Et Martin St-Louis prépare son club pour la victoire. Au moins les joueurs travaillent. On ne peut pas leur reprocher de se traîner les pieds.
– Propos recueillis par Mylène Richard
Les échos de Bergie
Au revoir à un grand
Ma génération a eu la chance de voir évoluer Bobby Hull. Il a changé le monde du hockey, notamment avec son foudroyant lancer frappé. Et il a été le premier, avec Stan Mikita, à utiliser une palette courbée. Il a semé la terreur chez les gardiens. Glen Hall en tremblait durant les entraînements des Blackhawks. Imaginez, certains cerbères ne portaient pas de masque ! Quand ils entendaient la rondelle siffler près de leurs oreilles, c’était épeurant. Hull et Mikita ont peut-être un peu exagéré et la LNH a dû réglementer les courbes. Hull a également permis aux joueurs de la LNH d’obtenir de meilleurs salaires quand il a rejoint les Jets de Winnipeg dans l’Association mondiale de hockey, ce qui lui a toutefois coûté une participation à la Série mondiale. Brett Hull a ensuite suivi les traces de son père en devenant un redoutable franc-tireur dans la LNH. La pomme n’est pas tombée loin de l’arbre.
Fin de semaine enlevante
Le week-end des étoiles de la LNH est spectaculaire, même si les amateurs ne sont pas tous d’accord avec les nouvelles épreuves du concours d’habiletés. Mélanger le golf et le hockey... on tente de trouver des idées originales. Le match à trois contre trois est enlevant et les joueurs s’amusent, sauf peut-être les gardiens qui sont sollicités à souhait. Les autres hockeyeurs profitent de ce congé pour guérir, recharger les batteries, se reposer et passer du temps en famille... et peut-être fuir les -30 et -40 degrés Celsius
de Montréal !
McDavid ou Pastrnak ?
Qui remportera le trophée Maurice-Richard, remis au meilleur buteur du circuit ? La lutte se fera entre Connor McDavid et David Pastrnak. Pour l’instant, le capitaine des Oilers d’Edmonton domine avec 41 filets contre 38 pour le joueur des Bruins de Boston. McDavid, qui a renoncé à l’épreuve du patineur le plus rapide hier, est selon moi le joueur par excellence de la ligue. Il pourrait remporter tous les prix individuels, même celui du plus gentilhomme.