Les parents agressifs à l'aréna ou sur les terrains sportifs dans la mire du gouvernement Legault

Patrick Bellerose
Québec pourra désormais sévir contre les parents qui insultent copieusement un arbitre, avec des sanctions allant jusqu’à l’expulsion. La ministre Isabelle Charest souhaite ainsi calmer le jeu, tant sur le terrain que dans les gradins.
Depuis l’entrée en fonction du nouveau Protecteur de l’intégrité en loisir et en sport en juin dernier, toute personne peut porter plainte contre un spectateur, un entraîneur ou un athlète trop agressif.
Auparavant, le processus relevait des fédérations sportives. Les enfants, membres de l’organisation, étaient donc susceptibles d’être visés, mais pas leurs parents.
Et les matchs non fédérés, comme ceux des «ligues de garage» ou ceux qui sont organisés par une municipalité, n’étaient pas couverts.
Dorénavant, un spectateur turbulent pourrait donc devoir suivre une formation ou être suspendu pour une période déterminée, explique la ministre responsable du Sport, Isabelle Charest, en entrevue avec notre Bureau parlementaire.
Les organisateurs seront chargés d’appliquer les sanctions imposées par le Protecteur et de voir à ce que les parents fautifs ne soient plus admis, le cas échéant. «C’est sûr que ce n’est pas ça l’objectif, mais ils pourraient être exclus», confirme la ministre.

Les fédérations et organismes devront agir selon leurs moyens et même demander l’aide de la police au besoin.
Avant d’en arriver là, le Protecteur aura surtout le mandat de formuler des recommandations pour assainir le climat, comme la création d’un code d’éthique, la promotion des bons comportements et la mise en place d’outils pour bien gérer les situations conflictuelles.
Exemples disgracieux
Les exemples disgracieux sont malheureusement nombreux sur les terrains sportifs. Aux Jeux du Québec, cet été, des spectateurs ont tenu des propos homophobes et racistes.
Des jeunes de 10 ans ont aussi été privés de médailles lors d’un important tournoi de soccer à Québec, en raison des comportements déplacés des parents.
L’an dernier, une bagarre a éclaté dans l’assistance d’un match de hockey mineur à Gatineau, si bien que la police a dû intervenir.
Large mandat
Après seulement quatre mois en poste, le tout premier protecteur, Me Hugo Lafontaine, confie avoir déjà reçu 286 signalements.
Son mandat lui permet d’intervenir non seulement sur les terrains et les arénas, mais également dans tous événements sportifs encadrés, incluant la classe de spinning ou le dojo de karaté.
Même les loisirs organisés par une fédération ou un organisme privé (classe de théâtre, scoutisme, etc.) sont couverts.
Jusqu’ici, les cas liés à la violence psychologique sont les plus nombreux sur son bureau. «C’est beaucoup les entraîneurs qui sont visés», souligne Me Lafontaine.
Il est toutefois trop tôt pour brosser un portrait des principaux milieux problématiques.
Chronomètre en main
La ministre Charest espère que ce nouveau mécanisme permettra non seulement de protéger les joueurs, mais aussi les jeunes arbitres.
Les spectateurs sont souvent moins indulgents envers eux, même s’il s’agit aussi de mineurs en apprentissage de leur métier.

Par contre, souligne Mme Charest, le Protecteur ne doit pas servir à «chialer sur le nombre de minutes de jeu que notre fils a eu».
Étonnamment, ce type de plainte était très fréquent sous l’ancien modèle de l’Officier indépendant des plaintes, souligne-t-elle.
Les comportements susceptibles de mener à une plainte
- Obliger une personne à commettre des gestes contre sa volonté
- Inciter à poser des gestes représentant un risque pour sa santé
- Organiser ou tolérer une initiation comportant des actes dégradants, humiliants ou dangereux
- Infliger des sévices
- Ridiculiser, humilier ou dévaloriser
- Utiliser un langage ou poser des gestes injurieux, grossiers ou menaçants
- Exprimer de la frustration ou de la colère ou manifester de l’agressivité de manière excessive
- Faire preuve de négligence ou d’insouciance dans l’exercice de ses responsabilités
- Faire subir un traitement inéquitable
- Adopter un comportement ou une pratique discriminatoire
- Dissuader d’effectuer un signalement ou une plainte au Protecteur de l’intégrité en loisir et en sport