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L'article provient de Le Journal de Montréal
Monde

Les oligarques et nous

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Photo portrait de Guillaume St-Pierre

Guillaume St-Pierre

2022-03-03T10:00:00Z
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La chasse aux oligarques russes est lancée.

En tout cas en apparence. 

Des dizaines de richissimes hommes d’affaires ont vu leurs avoirs gelés un peu partout en Occident. 

Le Canada a suivi la parade même si le geste relève pour l’instant plus du symbole qu’autre chose. Et que son efficacité pour changer le cours des événements est loin d’être claire. 

Les oligarques sanctionnés ici ont peu ou pas d’actifs au pays. Et ceux qui en ont ont encore la voie libre.

Pipelines

C’est ainsi que le multimilliardaire Roman Abramovich continue de faire des affaires au Canada et ailleurs.

Et non les moindres. Une entreprise de métallurgie dans laquelle il détient une importante participation fournit de l’acier pour construire nos pipelines. 

Pendant ce temps, on en sanctionne des dizaines qui n’ont pas un sou d’investi au Canada. 

Cela nous rappelle que la guerre, de tout temps, relève beaucoup de la communication politique. 

La posture vaut autant que les actions.

De bons méchants

Ces oligarques au train de vie princier frappent l’imaginaire. 

Joe Biden a promis, dans son discours sur l’état de l’Union, de saisir leurs « yachts, appartements de luxe, et jets privés ». 

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Les États-Unis vont dédier à cette chasse une unité d’enquête spéciale.

Dans une guerre qui se joue sur TikTok et Instagram, ces oligarques excentriques aux allures de vilains dans James Bond font de bons méchants.

Des conséquences ? 

S’attaquer à l’élite économique de la Russie changera-t-il quoi que ce soit pour Poutine ? 

Probablement pas.

« Il faudrait lire dans les pensées », me dit Anthony H. Cordesman, du Center for strategic and international studies.

« Les oligarques sont vulnérables aux sanctions économiques, mais je soupçonne que Poutine est davantage influencé à ce point-ci par ses militaires partisans de la ligne dure. »

Un expert des élites russes abonde dans le même sens, en entrevue avec l’Agence France Presse.

« L’Occident peut saisir quelques propriétés de l’élite russe, ça nous fait nous sentir mieux et ça les rend un peu en colère, mais cela ne changera pas la dynamique du conflit », selon Peter Rutland, de l’université Wesleyan.

La sévérité des sanctions économiques occidentales est du jamais vu. Le rouble subit un effondrement historique.

Le Russe moyen est en train de voir ses économies partir en fumée. La ministre des Finances, Chrystia Freeland, nous a aussi prévenus des « dommages collatéraux » des sanctions sur l’économie canadienne. 

On peut parier que les oligarques, eux, continueront de jouir de leurs jouets de luxe.

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