Les offres hostiles dans les limbes à travers la LNH


Nicolas Cloutier
On nous avait promis l’été des offres hostiles dans la Ligue nationale de hockey (LNH). La hausse prononcée du plafond salarial, combinée au pari réussi des Blues de St. Louis l’an dernier, occasionnerait la tempête parfaite. Rien de tout ça n’est arrivé. Pourquoi?
Ils étaient pourtant plusieurs, dont d’influents agents, à prédire une saison morte fertile en rebondissements. En entrevue avec TVA Sports, début mai, l’agent Allain Roy annonçait la fin d’un tabou vis-à-vis les offres hostiles dans la LNH.
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Un mois plus tôt, The Athletic nous avait titillés avec «L’été des offres hostiles», après avoir sondé de nombreux dirigeants et agents.
Nous sommes au mois d’août et ce que l’on sait, c’est qu’aucune offre hostile qui aurait été soumise n’a été signée par un joueur autonome avec compensation. On le sait, car ce genre d’information devient publique, comme ce fut le cas lorsque les Canadiens de Montréal disposaient de sept jours pour égaler l’offre des Hurricanes de la Caroline à Jesperi Kotkaniemi.
En théorie, on ne sait pas si une offre hostile a été soumise, sans être signée, à un joueur autonome avec compensation. Mais sachant que ces offres sont très rares à la base et qu’elles sont seulement soumises formellement si le joueur visé souhaite la ratifier, on peut présumer que non.
«En 25 ans de carrière, seulement une fois je suis passé proche d’une offre hostile avec un de mes clients, nous avait révélé l’agent Allain Roy au mois de mai. C’est vous dire à quel point les choses n’ont pas beaucoup changé. Là, je pense que ça va changer un peu.»
Les choses n’ont pas changé, jusqu’ici.
En raison des proprios?
Un agent de la LNH qui a préféré garder l’anonymat a partagé au média RG.org sa théorie au sujet de cette inertie des offres hostiles.
Grossièrement: pour obtenir un joueur via une offre hostile, il faut le surpayer, sinon l’équipe va égaler l’offre et conserver ledit joueur. Il faut ainsi convaincre le proprio de délier les cordons de la bourse pour un contrat qui n’a pas beaucoup de sens au moment présent – avec l’espoir qu’il devienne avantageux.
L’ennui, c’est que de tels contrats «gonflés» font grimper l’échelle salariale à travers la ligue. C’est une pilule qui est encore plus difficile à avaler si l’offre hostile est égalée; la manœuvre n’aura servi à rien et augmente le pouvoir de négociation des joueurs.
Et si l’offre hostile fait monter les prix à travers la LNH, ce sont tous les proprios qui sont perdants.
«[Tu] ne veux pas être le gars qui se fait accuser d’avoir fait monter les prix, parce que [ton] ami qui possède une autre équipe va [t’appeler] et te donner de la m...», a expliqué l’agent anonyme à RG.
L’autre élément à prendre en considération est la marge de manœuvre des équipes qui pourraient être visées par une offre hostile, grâce notamment à la hausse du plafond salarial. Le nom du joueur de centre Mason McTavish a été mêlé à plusieurs rumeurs, mais une équipe qui voudrait l’arracher aux Ducks d’Anaheim n’est pas sans savoir que la formation californienne jouit d’un coussin supérieur à 20 millions $. Quelle offre pourrait réellement dissuader les Ducks d’égaler la mise?
Autrement, il n’y aurait aucune raison valable pour les équipes de la LNH de ne pas se prévaloir de l’outil des offres hostiles, surtout dans un milieu aussi compétitif où chaque minuscule avantage compte.
«Comme on l’a vu l’été passé avec St. Louis, ça fait une grosse différence», nous avait mentionné Allain Roy il y a quelques mois, faisant allusion aux ajouts de Philip Broberg et Dylan Holloway, qui ont aidé les Blues à se qualifier pour les séries. «Tu peux couper les coins ronds un peu et aller chercher un joueur déjà établi pour t’aider. Ça peut vraiment raccourcir le chemin d’une reconstruction.»
L’été des offres hostiles, ce ne sera vraisemblablement pas 2025. Pour qu’il se concrétise, il faudra un propriétaire qui accepte de surpayer un joueur et une équipe prise à la gorge. Ces conditions n’ont pas encore été réunies.