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L'article provient de TVA Sports
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Les Nordiques étaient-ils condamnés à partir? Le débat est ouvert!

La dernière édition des Nordiques en 1995, avec, sur la photo, David Karpa, Curtis Leschyshyn, Janne Laukkanen, Adam Foote, Owen Nolan, Joe Sakic, Adam Deadmarsh, Wendel Clark et Chris Simon.
La dernière édition des Nordiques en 1995, avec, sur la photo, David Karpa, Curtis Leschyshyn, Janne Laukkanen, Adam Foote, Owen Nolan, Joe Sakic, Adam Deadmarsh, Wendel Clark et Chris Simon. Photo d'archives, le Journal de Québec
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Photo portrait de Stéphane Cadorette

Stéphane Cadorette

2025-05-24T04:00:00Z
2025-05-24T14:07:00Z
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Le 25 mai 1995, les Nordiques s’en allaient. Trente ans plus tard, Le Journal a consulté de nombreux intervenants en demandant: «Et s’ils étaient restés?». À quoi ressemblerait la ville, la rivalité, le hockey au Québec... Notre dossier vous propose d’imaginer cet univers parallèle malheureusement fictif, mais fascinant.


Certains diront que même si les Nordiques étaient demeurés bien en place en mai 1995, ils étaient condamnés à quitter Québec quelques années plus tard, de toute façon. D’autres sont convaincus du contraire. C’est le débat le plus chaud parmi les gens questionnés dans le cadre du 30e anniversaire du départ de l’équipe.

Marcel Aubut a maintes fois déclaré, des années après la vente des Nordiques, qu’il avait sous-évalué les pertes financières potentielles de l’équipe si elle était demeurée à Québec il y a 30 ans. Que la réalité a dépassé ses plus pessimistes prévisions!

Le lock-out décrété par la LNH en 1994-95 n’a jamais abouti à l’instauration d’un plafond salarial, si cher aux petits marchés du circuit Bettman, dont Québec.

Ce n’est que pour la saison 2005-06 qu’un tel système a été mis en place, initialement à 39 millions. Ce chiffre, en hausse progressive depuis, sera établi à 92,4 millions la saison prochaine.

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Responsable des communications chez les Nordiques et jusqu’à l’an dernier chez l’Avalanche, Jean Martineau se dit convaincu que les Nordiques auraient été en mesure de rester à flot durant la tempête.

Jean Martineau a été responsable des communications chez les Nordiques avant de les suivre au Colorado. Il est devant le Pepsi Center, à Denver, sur cette photo.
Jean Martineau a été responsable des communications chez les Nordiques avant de les suivre au Colorado. Il est devant le Pepsi Center, à Denver, sur cette photo. Agence QMI

«On parle de huit saisons. En 2005-06, avec un plafond à 39 millions, c’est clair que l’équipe aurait pu vivre. Pendant au moins sept ou huit ans par la suite, le plafond a été assez raisonnable», répond-il.

L’impact d’un nouvel amphithéâtre

À ses yeux, il faut tenir compte du projet de futur amphithéâtre de l’époque, qui aurait vu le jour vers la fin des années 1990.

«Un nouvel aréna aurait débloqué beaucoup plus de revenus. Le gouvernement aurait épongé les déficits pendant la construction avec un casino. C’est certain que l’équipe serait restée», martèle-t-il.

«De 1995 à 1998, les déficits auraient été épongés. De 1999 à 2004, la situation n’aurait pas été si mal avec les revenus additionnels générés par le nouvel amphithéâtre. Et après l’arrivée du plafond salarial, je ne vois pas pourquoi les propriétaires auraient été incapables de soutenir l’équipe.»

On a demandé à l'intelligence artificielle de nous montrer les alentours du Centre Vidéotron si les Nordiques y étaient. Crédit : Sous la direction de notre équipe de graphistes, ces images combinent des photos originales prises par nos photographes et des éléments générés à l’aide d’outils d’intelligence artificielle tels qu’Adobe Firefly, Sora d’OpenAI et Freepik.
On a demandé à l'intelligence artificielle de nous montrer les alentours du Centre Vidéotron si les Nordiques y étaient. Crédit : Sous la direction de notre équipe de graphistes, ces images combinent des photos originales prises par nos photographes et des éléments générés à l’aide d’outils d’intelligence artificielle tels qu’Adobe Firefly, Sora d’OpenAI et Freepik. Archives, Adobe Firefly, Sora d’OpenAI et Freepik.

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Un avis contradictoire

Bernard Brisset, qui a été responsable des communications pour les Nordiques de 1984 à 1987 et ensuite vice-président aux communications pour le Canadien, de 1992 à 2000, pense le contraire. Si les Nordiques étaient restés en 1995, selon lui, ils auraient fini par partir plus tôt que tard.

«Il y a eu tellement de raisons depuis 30 ans pour que les Nordiques disparaissent de la scène du hockey à Québec que c’est quasiment inimaginable de penser qu’ils auraient surmonté toutes ces embûches. Jamais je ne croirai que les Nordiques auraient survécu», considère-t-il.

Dans la cour des grands

L’analyste économique Mario Lefebvre a été au Conference Board du Canada de 1998 à 2013. Il a aussi publié l’ouvrage Power Play: The Business Economics of Pro Sports. La clé pour les Nordiques, selon lui aussi, aurait été de survivre jusqu’en 2005.

Les Nordiques lors de l’un de leurs derniers matchs à Québec en 1995
Les Nordiques lors de l’un de leurs derniers matchs à Québec en 1995 Photo d'archives

«Mais les Nordiques auraient eu énormément de mal à se rendre à la mise en place du plafond salarial, précise-t-il. Il y aurait eu des années extrêmement difficiles et je n’oserais jamais me dire que si ce n’était pas de la vente en 1995, ils ne seraient jamais partis.»

Pour sa part, Bernard Brisset tient à rappeler que même à la belle époque des Nordiques, il fallait souvent user d’ingéniosité pour remplir le Colisée.

«Quand c’était un match le mardi contre les Whalers ou les North Stars, on était obligé d’envoyer des autobus au Saguenay pour faire venir du monde, à une époque où les billets dans les loges coûtaient 17$. Imagine, aujourd’hui! Les équipes canadiennes ne peuvent plus rivaliser avec les équipes américaines quand le dollar américain coûte 1,50$.

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«Si le club était resté à Québec, ce serait une bataille incessante pour sa survie», insiste-t-il.

Une économie transformée

Dans l’équation, il faut toutefois considérer que le contexte économique de Québec a grandement changé en mieux. Québec arrive au premier rang du plus récent classement de Oxford Economics pour la qualité de vie dans les villes en Amérique du Nord.

La ville de Québec est loin de la morosité économique qui l’affectait en 1995.
La ville de Québec est loin de la morosité économique qui l’affectait en 1995. Simon Clark/Agence QMI

Au recensement de 2021, le revenu moyen de 52 300$ plaçait Québec au septième rang parmi les villes canadiennes, devant Winnipeg, qui a retrouvé ses Jets.

Luc Dupont, professeur en communication et expert en marketing de l’Université d’Ottawa, n’en démord pas. Si les Nordiques étaient restés en 1995, ils seraient restés... pour de bon.

«Les gens qui ont vendu les Nordiques diront toujours qu’il n’y avait aucune chance de survivre, mais qu’est-ce qu’ils pourraient dire d’autre? Pensez-vous vraiment qu’ils vont dire: on aurait dû attendre 10 ans? Aujourd’hui, Winnipeg est là, Ottawa est là et Québec devrait être là. Les gens qui ont vendu les Nordiques ont obtenu environ 75 millions. Aujourd’hui, la parade serait à 1,3 milliard», souligne-t-il.

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