Vague de vandalisme militant: les musées d’ici prudents à l'approche de la COP15
À l’approche de la COP15, plusieurs craignent que des actes de vandalisme soient commis sur des œuvres d’art


Sarah-Émilie Nault
À trois semaines de la COP15, la conférence de l’ONU sur la biodiversité qui se tiendra à Montréal, les musées québécois se montrent prudents devant la vague de vandalisme de militants environnementalistes radicaux qui ont endommagé des œuvres d’art inestimables un peu partout en Europe.
• À lire aussi: Des militants écologistes aspergent de liquide noir un chef-d’œuvre de Klimt
Un liquide inconnu lancé sur La jeune fille à la perle de Johannes Vermeer à La Haye, de la soupe aux tomates sur Les tournesols de Van Gogh à Londres, le tableau Mort et Vie de Gustav Klimt aspergé de liquide noir à Vienne, des environnementalistes européens ont récemment multiplié les coups d’éclat dans le but de souligner l’urgence de la crise climatique.

Samedi, un tableau de la peintre canadienne Emily Carr, Stumps and Sky, a été aspergé de sirop d’érable au Musée des beaux-arts de Vancouver. Cette première manifestation de ce genre en Amérique du Nord fait craindre des actes similaires au Québec, à l’approche de la COP15, qui se tiendra du 7 au 19 décembre, et de l’arrivée de milliers de militants dans les rues de Montréal.
Mesures renforcées
Les musées québécois prennent la menace au sérieux. Au Musée des beaux-arts de Montréal, on affirme avoir renforcé les mesures de sécurité déjà en place pour assurer l’intégrité de la collection. L’ajout d’une couche de protection sur la surface de tableaux a été apporté à certaines des grandes œuvres dans les dernières semaines.

« Ces risques potentiels ont amené le Musée à prendre de nouvelles mesures, explique Maude N. Béland, chargée des relations médias au Musée des beaux-arts de Montréal. C’est pourquoi tous les sacs à dos et les sacs de plus de 30 x 40 cm doivent être laissés au vestiaire. Les petits sacs et les sacs à main sont toutefois permis dans les salles, à condition que leur contenu ait fait l’objet d’une vérification visuelle par une agente ou un agent du MBAM. »

Au Musée des beaux-arts du Québec, on affirme que « les règles de sécurité déjà mises en place au fil du temps couvrent un ensemble de situations permettant de réagir rapidement ».
Cependant, le Musée préfère garder confidentielles les mesures mises en place pour qu’elles demeurent sécuritaires. « Nos équipes dédiées à la sécurité du Musée sont régulièrement informées de tout ce qui se passe dans le monde actuellement, écrit la responsable des relations de presse au MNBAQ, Linda Tremblay. Elles sont particulièrement vigilantes et alertes et elles ont toujours en tête toutes nos procédures d’urgence pour toutes sortes de situations. »

Du côté d’Ottawa
De son côté, le Musée des beaux-arts du Canada, qui compte la plus belle collection au pays, a réagi à la suite des premiers événements de vandalisme d’œuvres d’art dans le monde. L’établissement a partagé sa déception face à ces gestes tout en soulignant son engagement et ses initiatives en matière de durabilité environnementale.

« Bien que nous puissions comprendre certaines des questions soulevées, nous ne pouvons pas approuver les tactiques utilisées, a partagé Josée-Britanie Mallet, agente principale relations publiques et médiatiques. Le fait d’endommager délibérément des œuvres d’art prive la société de sa capacité à apprécier la raison pour laquelle ces œuvres ont été créées et la façon dont l’art, sous toutes ses formes, peut permettre d’améliorer la condition humaine. »

Lettre ouverte
Le 9 novembre, 92 directeurs de musées à travers le monde ont dénoncé, dans une lettre ouverte, les attaques de chef-d’œuvre au nom du climat. Parmi ceux-ci, le Louvre, le British Museum, le Guggenheim Museum de New York et le Metropolitan Museum of Art.
« Ces dernières semaines, il y a eu plusieurs attaques contre des œuvres d’art dans les collections de musées internationaux, peut-on y lire. Les militants qui en sont responsables sous-estiment gravement la fragilité de ces objets irremplaçables, qui doivent être préservés en tant qu’éléments de notre patrimoine culturel mondial [...] Nous avons été profondément ébranlés par leur dangereuse mise en danger. »
En Espagne, la réplique d’une momie a été éclaboussée de Coca-Cola, à Barcelone, dimanche.